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Critique de Maghily


Dans cet essai, l'autrice va questionner le fait qu'aujourd'hui, non seulement le neutre dans notre société, c'est l'homme, mais surtout, l'homme blanc hétérosexuel et valide [hop, ça y est, j'ai énervé une partie de mon lectorat masculin mais je vous préviens, ça ne fait que commencer… ;)]. Ceci expliquerait pourquoi, qu'importe les sujets abordés dans les médias : hausse du chômage, droit à l'avortement, racisme dans les institutions, port du voile, élargissement de la PMA, sexisme au travail… Ce soient toujours ces hommes-là qui sont considérés comme légitimes pour discuter de la question car ils sont “neutres”. Or, cette neutralité est un mythe, nous parlons toutes et tous d'un point de vue. le leur n'est pas plus neutre qu'un autre.

Et pour illustrer son point de vue, elle va partir de ce qu'elle connait le mieux : la réalité de la vie d'une lesbienne française à l'époque actuelle. Pourquoi est-il encore si difficile de se revendiquer comme lesbienne aujourd'hui ? Quelle image la société a-t-elle des lesbiennes ? Que lui ont-elles apporté ? Etc.

Elle va donc se pencher sur le fonctionnement des médias, sujet qu'elle maîtrise bien puisqu'elle est elle-même journaliste. Pourquoi les médias ? Car c'est l'un des moyens de représentation les plus importants. Elle va dénoncer les mécanismes présents dans ce milieu pour évincer les lesbiennes mais aussi les femmes et autres minorités. Elle insiste beaucoup sur la peur de ce milieu d'utiliser le terme “lesbienne” ou de nommer clairement les relations homosexuelles des personnes concernées, même quand ces dernières s'en ouvrent publiquement. Or, cela contribue à l'invisibilisation voire à la stigmatisation.

Elle va également mettre en lumière le fait qu'en France, selon elle, peu de personnalités osent sortir du placard et “assumer” leur homosexualité en public [là, j'ai trouvé qu'elle manquait peut-être elle-même d'ouverture car il me semble que, dans la “jeune génération”, on a quelques exemples de personnalités qui se revendiquent lesbiennes ou bi].
Elle explique à quel point il est important, dans sa construction identitaire, d'avoir des rôles modèles qui vous ressemblent et que cela lui a énormément manqué, plus jeune. Cette absence lui a fait perdre beaucoup de temps sur sa compréhension d'elle-même. Sur beaucoup de points, les discours qu'elle porte sont similaires à ceux d'autres minorités. On voit, une fois, encore au combien il est important d'avoir une vision intersectionnelle de la société, si l'on veut réduire les inégalités, rendre cette société plus inclusive.

Ensuite, Alice Coffin rappelle le rôle majeur que les lesbiennes ont eu dans la plupart des avancées sociales du siècle dernier, même celles qui ne les concernaient pas directement : droit à l'avortement, avancée de la lutte contre le Sida, etc. Parmi les pionnières du féminisme français, il y avait de nombreuses lesbiennes et c'est un aspect qu'on passe généralement sous silence [de moins en moins ces dernières années].

Enfin, vient le chapitre qui a le plus fait grincer des dents [et mon préféré, franchement, j'avais envie de tout souligner] : celui où elle parle de la guerre des hommes. Pourtant, son message n'est autre que celui-ci : depuis des millénaires, les hommes mènent une guerre qui ne dit pas son nom contre les femmes [viols, violences conjugales, discriminations à l'emploi, invisibilisation, etc.] et aujourd'hui, ces dernières ont décidé de la dénoncer et de ne plus se laisser faire.
Alors oui, j'ai trouvé quelques petits défauts à cet essai [principalement le manque d'actualisation de certains exemples] mais globalement, il est très bon ! Et je pense qu'avant de le critiquer [ou de venir m'insulter en commentaires], il faut le lire ! Qu'importe son genre, son sexe, son orientation sexuelle. Car sa lecture pourra bénéficier à tout le monde et cela permettra, peut-être, de faire bouger les lignes.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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