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Critique de ValentinMo


Faire se côtoyer le meilleur et le pire. Réunir deux univers opposés. Tel est le pari (réussi) du premier roman pour adulte de Laurie Cohen, qui raconte les difficultés de la maternité dans un univers carcéral. Cette thématique - déjà abordée en 2012 dans le film “Ombline” avec Mélanie Thierry – prend une dimension totalement différente dans un cadre littéraire où l'auteure insiste sur le pouvoir libérateur de l'écriture.

Marianne, jeune trentenaire, voit sa vie basculer après la mort de son mari et d'un ami commun. du jour au lendemain, elle se retrouve en détention provisoire en attendant son procès. Elle se retrouve plus seule que jamais dans cet univers carcéral froid et humiliant. Privée de liberté, elle raconte le quotidien dans une prison pour femme, avant qu'elle découvre sa grossesse. Des moments de doute à l'accouchement, nous suivons l'ensemble de la prise de décision de garder cet enfant qui va donner un nouveau sens à sa vie et l'égayer… pour un certain temps, car elle sait que son enfant lui sera retiré à ses 18 mois. Elle n'a plus de contact avec sa famille, à qui confiera-t-elle son enfant pendant sa détention?

Elle débute ainsi une correspondance avec un anonyme via une association. Ces lettres sont une bouffée d'oxygène pour elle… et ainsi se révèle le pouvoir de l'écriture.

Sans pathos ni jugement, Laurie Cohen raconte le quotiden d'une femme dans un centre pénitentiaire, les codétenues, les amitiés qui se créent dans l'adversité, le sas heureux du quartier mère/enfant, véritable semblant de liberté. Elle parle également des visiteurs de prison, leur seul lien avec l'extérieur. Cela donne une gallerie de personnages très diversifiée – quitte parfois à s'y perdre – avec notamment des codétenues difficiles à identifier, sauf peut-être Summer, dont on aimerait connaître advantage l'histoire.

Pas de voyeurisme dans ce récit mais une réflexion sur la culpabilité, sur les lenteurs de la justice, l'attente interminable des procès, tout cela truffé de retours en arrière sans que cela n'entrave la lecture. Ces retours dans la vraie vie, celle d'avant, la liberté, le bonheur, offrent au lecteur – au même titre que les séances d'écriture de Marianne - de véritables moments de répit dans ce huis-clos oppressant.

La simplicité de l'écriture fait de ce roman un texte très intimiste qui sonne “vrai”, quitte parfois à verser dans le “documentaire”. Cette couleur réaliste que Laurie Cohen appelle de ses voeux en préambule est particulièrement réussie : entre la peur de ne plus voir sa fille, l'insoutenable attente du procès et le dossier de demande de sortie avec bracelet électronique, on est saisi par le manque d'humanité d'une justice qui par définition est aveugle.

Il y a aussi son long combat pour être blanchie et pouvoir se reconstruire car Marianne ne cesse de clamer son innocence même si personne ne semble l'écouter. En quelques minutes, tout s'est effondré pour elle: alors qu'elle vivait loin de la ville, dans la tranquillité de la forêt, avec son mari David, elle se retrouve seule et incarcérée du jour au lendemain. Pourquoi? Comment ? Les raisons de son incarcération sont dévoilées par petites touches, et entretiennent le mystère.

Un premier roman parfaitement maîtrisé et qui, sans jamais tomber dans le pathos, souligne les lacunes d'un système, voire ses contradictions. Merci à Laurie Cohen et aux Editions Plon pour cet envoi
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