AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dixie39


Deux journalistes viennent à la rencontre d'Antonio Angelicola, dit Ninella, 75 ans, qu'ils ont réussi à convaincre de raconter son histoire : Sous le régime de Mussolini, Ninella a été arrêté pour homosexualité et envoyé en exil sur une île (interné serait plus juste) où il vient grossir le nombre d'hommes mis à l'écart des regards du peuple, sous surveillance policière, pour ne pas faillir à la célèbre phrase de Mussolini, « En Italie, il n'y a que de vrais hommes ».
Les condamner ou les tuer reviendrait à reconnaître que le peuple italien n'est pas « parfait » ; les isoler, les « nier », les « passer sous silence » est la solution qui sera choisie.
Ninella se retrouve donc confiné, à l'abri du regard des braves gens et sous surveillance comme un véritable criminel, avec un minimum de moyens de subsistance.
Il découvre une communauté qui s'est créée. Pour certains, malgré les difficultés d'existence, l'isolement et l'absence de liberté, c'est un havre où ils peuvent vivre sans se soucier du jugement des autres. Mais les conditions de vie sont difficiles et les rivalités sont exacerbées par le confinement.
Renvoyés chez eux, ils doivent faire face à la honte et au déshonneur subie par leur famille.

J'ai découvert un pan de l'histoire italienne que je ne connaissais pas ! C'est fou qu'il faille tant d'années pour qu'on puisse parler de ce sujet (et d'autres qui sont toujours ensevelis sous les pavés de la « bonne morale », celle des « braves gens » comme disait Brassens).
Comme il est dit en préambule : « Il y a ces histoires que l'on trouve partout dans les rayons des librairies et qui ont comme sujet récurrent les tueurs en série. Et puis il y a les autres... qui semblent se cantonner aux bibliothèques des universités. La persécution des homosexuels en Italie en fait partie. Ce pays a utilisé, contre les lesbiennes et ses gays, une arme souvent plus sournoise que la répression brutale : le silence. »

Ce roman graphique (et tant d'autres) contribue à ouvrir, et de plus en plus, les portes de ces bibliothèques et nous donne à connaître, à penser...
Les dessins sont sobres mais expressifs et j'ai aimé le ton sépia et les REC / PAUSE en noir et blanc pour l'enregistrement. J'ai aimé le regard caméra du Ninella de 75 ans...
Il ne sait plus s'il doit témoigner ou se taire, partir ou rester... Tout est tellement loin, tout est si vieux... A quoi sert de remuer tout cela, cinquante ans après les faits ? Toute cette misère, toute cette souffrance ?

« Je n'ai plus jamais eu de nouvelles des autres.
Après la guerre, il était difficile de les retrouver...
Et puis aussi, on voulait un peu oublier...
Mais on ne peut pas oublier, ni vivre sereinement...
Il faut vivre avec cette peine... »
Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}