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Critique de sabine59


Dernier-né de la série des Claudine, ce roman est pour moi attachant et différent. C'est le premier roman que Colette signe de son seul nom. Ce droit, elle déclare " l'avoir revendiqué à cause du côté paysagiste de cette petite oeuvre qui lui tenait à coeur". Et il a une place particulière dans mon coeur de lectrice car étudiante, c'est sur ce livre que j'ai fait mon mémoire de maîtrise...

Ce roman nous fait entendre, même si c'est de façon encore maladroite, la vraie voix de Colette. Certes, il reste lié aux autres "Claudine" par des personnages, une certaine ligne d'intrigue, mais une nouvelle narratrice naît , qui est déjà la Colette-phénix, apte à changer de peau et à durer. C'est en cela qu'il est intéressant.

Car Claudine , double de l'auteure, change, c'est la fin de la première jeunesse, et surtout elle apprend la solitude car son mari Renaud, malade, est soigné en montagne ( symbole de sa séparation avec Willy) et elle se retrouve à Casamène, la propriété de son amie Annie. Celle-ci, de même que Marcel" ce bibelot suspect" ne sont que de pâles figurants dans ce décor campagnard. Ce qui compte, c'est le ressenti de la narratrice, et j'avoue que les conversations de ces deux-là sont assez artificielles, c'est la faiblesse du roman...

La plume de l'auteure est nerveuse, humoristique à certains moments, précise dans ses évocations et souvent tendrement nostalgique.

J'avais choisi ce livre car j'avais passionnément aimé , outre la libération du joug de son mari Willy qu'il préfigure , le lyrisme mélancolique qui émane des descriptions de la nature,des animaux et des réflexions de la narratrice. Parlant de la maison d'Annie, elle écrit:" L'automne éblouit ici. Casamène est perchée sur l'épaule ronde d'une petite montagne crépue de chênes bas, qu'octobre n'a pas encore mordu de sa flamme. Du haut de la terrasse de gravier, on voit luire une froide rivière, argentée et rapide, couleur d'ablette."

Et Colette n'est jamais aussi émouvante que quand elle évoque, à travers Claudine, ses souvenirs d'enfance :" Ya t-il ailleurs, dans toute ta vie qui se précipite, un soleil aussi blond, un lilas aussi bleu à force d'être mauve, un livre aussi passionnant, un fruit aussi ruisselant de parfums sucrés ?"

Depuis, j'ai évidemment préféré d'autres oeuvres de Colette, plus profondes, plus accomplies, mais ce livre-là reste pour moi un bijou d'émotion et de poésie, il palpite toujours en secret au fond de moi...



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