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Critique de beatriceferon


Avant de l'ouvrir, j'admire ce livre, un bel objet, recouvert d'une jaquette sur laquelle se détache une photo de Colette dans le jardin du boulevard Suchet. Vêtue d'une robe à carreaux protégée par une pèlerine, elle a, bien évidemment, un chat dans les bras.
Les pages de papier crème épais, agrémentées çà et là de photos de l'écrivain, aux couleurs bleutées, donnent envie de se plonger dans la lecture.
Depuis toujours, j'aime Colette. Je l'aime énormément. J'ai lu son oeuvre, sa correspondance, beaucoup d'ouvrages qui lui sont consacrés. Que vais-je encore pouvoir découvrir dans ce recueil ?
« Des maisons de Colette, on cite souvent la maison natale de Saint-Sauveur-en-Puisaye, la Treille-Muscate à Saint-Tropez, Rozven près de Saint-Malo, plus rarement Castel-Novel en Corrèze ou les Monts-Boucons en Franche-Comté. Et bien sûr, le Palais-Royal, sa dernière demeure. On oublierait presque que l'écrivaine passa plus de soixante ans à Paris... » précise Frédéric Maget dans sa préface. Il a donc rassemblé ici onze textes, pour la plupart publiés par Colette dans des revues et inédits en volume. Tous sont consacrés à divers endroits de Paris qu'elle nomme ses « provinces ». Je les ai découverts avec ravissement. Retrouver la plume si vive, si juste, si colorée d'un de mes auteurs préférés m'enchante : « Pétits ! Pétits ! Venez, mes pétits ! Une grêle de grains, un bruit d'éventails, une bonne voix de fermière qui rassemble la basse-cour » (page 27). « J'entends un râteau patient peigner le gravier » (page 37). « Le grand ciel rectangulaire a la couleur des pensées bleues, et (…) une brume étouffe l'éclat des étoiles » (page 41). Ce ne sont que quelques unes des images tellement parlantes, des métaphores étonnantes imaginées par Colette et que l'on ne trouve plus dans l'écriture contemporaine, à mon avis.
Cette dentelle de mots, on ne peut se contenter de la suivre des yeux. Il faut se la réciter à mi-voix pour en goûter toute la musicalité. A travers les lignes décrivant le Palais-Royal, me voilà transportée sur les lieux. Plus d'une fois, je me suis promenée dans le jardin, j'ai levé les yeux vers les fenêtres derrière lesquelles j'ai guetté l'ombre de la grande dame.
Je referme l'opuscule à regret. Quoi ? Seulement 75 pages ? C'est trop peu !
Pourtant, quelques bémols pondèrent mon enthousiasme : les notes de bas de page sont écrites en caractères d'à peine un millimètre de haut. Pas facile à lire si on n'a plus ses yeux de vingt ans ! Ici ou là, une faute d'orthographe que Colette n'a certainement pas commise : « La moindre touche bleu dans la pénombre » (page 47), « la chaude entente tacite dura autant qu'il fût nécessaire » (page 69), « Le soir – tête nue pour n'être point remarqué des rares passants » (page 33). Comme c'est Colette qui parle, remarquée devrait être au féminin !
Ou encore, une phrase mal recopiée : « ses affiches signées par de tyrans ou par des traites obséquieux » (page 63). Je suppose qu'il faut lire des tyrans et des traîtres ? Sans doute la « relecture attentive » ne le fut-elle pas assez ?
Malgré ces petits défauts, ce livre a été pour moi une magnifique découverte et un cadeau infiniment précieux dont je remercie mille fois l'opération masse critique et les éditions de l'Herne qui m'ont permis d'en bénéficier.
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