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Critique de sylviedoc


Clémence, une petite chose toute frêle, presque transparente, du moins c'est ainsi qu'elle se perçoit, vient d'échapper enfin à son persécuteur au bout de trois années de terreur. Ce tortionnaire, c'est Thomas, son mari, qui aux yeux du reste du monde offre un visage charmeur et charmant d'homme idéal, entourant Clémence d'attentions et d'amour. Mais ça, c'est pour la façade, parce qu'une fois seuls tous les deux, c'est une autre histoire qui se joue. Et justement, Clémence devient le jouet de Thomas, qui s'organise de petites parties de chasse privées dans la forêt qui entoure leur maison isolée, en guise de divertissement le week-end. le gibier, c'est elle, lâchée en petite culotte de soie blanche, montre au poignet, en pleine nuit. Elle doit tenir trois heures sans qu'il la rattrape, et si elle perd...je ne vous dis pas ce qui lui arrive. Bien sûr personne ne la croira si elle raconte ça, Thomas est siii amoureux, si prévenant ! Et comme elle n'a presque plus de contact avec ses propres relations, excepté son amie Manon, elle ne pourra compter que sur elle-même pour se sortir de là.
On sait dès le début de l'histoire qu'elle a réussi à s'enfuir et à emménager dans une petite maison sinistre, comportant un petit jardin à l'arrière, avec un bassin et ses quatre poissons rouge et demi. le demi, il est comme elle : un rescapé de la vie, plein de cicatrices, et qui s'est battu pour survivre. Elle retrouve un emploi dans une boulangerie, et tente de se reconstruire. Mais l'emprise de Thomas est telle qu'elle vit dans la crainte constante de le voir surgir, et surtout de ne pas savoir résister, de retomber dans ses filets. Parce qu'elle l'a dans la peau, son bourreau, elle ne parvient pas à se défaire de ce besoin presque animal d'être dans ses bras, qu'il la réconforte après l'avoir traumatisée.
Elle trouvera des alliés qui chacun à sa manière vont tenter de l'aider à sortir de son marasme existentiel. Son voisin Gabriel, quinquagénaire malmené par la vie également, qui s'est donné pour mission d'aider ceux qui lancent des SOS, lui qui n'a pas toujours su les entendre à temps.
Son collègue Flo aussi, qui voudrait l'entraîner dans son projet d'ouvrir une boulangerie à son compte. Mais elle sait bien que c'est à elle d'échapper à ces orages-là, ces traumatismes qui font qu'elle n'ose même pas s'aventurer dans son jardinet dès que le soir tombe...
Cette lente remontée à la surface, cette reconstruction d'une estime de soi détruite m'ont beaucoup touchée, surtout que le personnage de Thomas m'a rappelé quelqu'un que j'ai bien connu, que tout le monde prenait pour quelqu'un d'admirable au point que des centaines de personnes sont venues lui rendre hommage à son enterrement. Et en entendant les louanges, j'étais stupéfaite de constater à quel point il avait réussi à gruger son monde. Car nous, nous savions bien à quel point il avait été tyrannique et violent avec sa famille... Nous n'avions tout simplement pas connu la même personne. J'ai parfaitement compris les difficultés de Clémence, ses "rechutes", ses envies de retourner à ce qu'elle avait quitté parce qu'au moins, elle savait à quoi s'attendre. Par contre je me suis étonnée qu'elle ne parte pas plus loin, qu'elle ne change pas de boulot (seulement d'endroit où elle travaille), bref qu'elle facilite tant les choses à Thomas.
Gabriel ne m'a pas trop convaincu en tant que psychothérapeute amateur, j'ai trouvé qu'il n'était pas vraiment d'une grande aide. J'ai préféré l'attitude de Flo, plus réaliste. Je n'ai pas vraiment adhéré à l'écriture non plus, très saccadée, avec des passages où je me suis un peu perdue.
Et surtout, je n'ai pas retrouvé l'ambiance que j'avais tant appréciée dans les romans de Sandrine Collette lus précédemment, que ce soit "Les larmes noires sur la terre", "Et toujours les forêts", ou encore "Juste après la vague". Il m'a manqué un vrai récit, des personnages attachants, un peu de suspense... Par contre la noirceur était bien là, pas de doute !
Pour les nouveaux lecteurs de cette auteure, peut-être vaudrait-il mieux commencer par ce roman, moins intense à mon avis que les autres précédemment cités.
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