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Critique de Totolaristo


Je fais partie du genre de lecteur ou spectateurs qui ne consultent les critiques d'une oeuvre que lorsque celle-ci l'a laissée sur sa faim.
C'est le cas de cette trilogie pleine de promesses qui se trouve incapable de tenir la longueur.

Le premier Tome m'a conquis. On se retrouve plongé dans l'univers sadique et violent de Battle Royal dans un univers futuriste cohérent. le plaisir un peu pervers de découvrir les pièges, dilemmes et injustices auxquels l'héroïne doit faire face rend la lecture aisée et fluide.
Le mot qui pourrait le mieux décrire ce tome est l'impuissance. La victoire du duo du District 12 sur le Capitole arrachée grâce à une poignée de baies est brève mais jouissive et les menaces qui planent alors sur Katniss donnent immédiatement envie de se plonger dans le tome 2.

On commence à sentir dans le deuxième Tome que l'auteur ne sait plus vraiment quelle direction prendre.
Celui-ci commence pourtant très bien. Les menaces du président Snow et la Tournée des Districts rétablissent l'ambiance cruelle et torturée du Tome 1. L'annonce de l'existence de l'Expiation (édition spéciale des Hunger Games) attise également la curiosité.
C'est à partir de ce moment que l'histoire prend un tournant qui ne m'a pas convaincu.
On s'imagine assister à des Hunger Games aux côtés de Katniss, cette fois-ci mentor. Nous permettant ainsi de découvrir les rouages du jeu, avec peut-être Prim dans l'arène (ou Gale via une nouvelle règle de l'Expiation).
Au lieu de ça, on mange du réchauffé. Katniss retourne dans l'arène avec Peeta. Pour des jeux qui finissent en pétard mouillés. On regrette vite le manque d'originalité de l'auteur. Pourquoi ne pas avoir envoyé Haymitch et éloigné un peu l'histoire de l'idylle trop longue et fatigante entre Katniss et Peeta ?
On finit en apprenant l'existence d'une force Rebelle qui calme un peu notre appétit.

On commence alors la lecture du troisième et dernier Tome. Et rien ne se passe comme prévu. Alors qu'on s'attend à assister à l'envol du Geai Moqueur, épris de liberté et de justice, on se retrouve face à des centaines de pages retraçant la dépression de l'héroïne. Aucun coup d'éclat, aucune utilité réelle de sa part. La dépression, qui permet normalement de mieux préparer un retour flamboyant du héros s'éternise et s'installe.
On finit par comprendre que l'auteur veut nous priver du plaisir de la conquête qu'on est sensé éprouver suite aux victoires des rebelles. Que quoiqu'il arrive, Katniss restera du début à la fin impuissante face à son sort. Très rapidement, on n'apprend plus rien sur Panem. Fini les anecdotes diverses sur les Districts, les Hunger Games, le Capitole.
La noirceur a vite fait de s'emparer de ce Tome 3, et on ne comprend pas bien l'intérêt.
Le lecteur est trahi, trainé pages après pages dans une intrigue faussement complexe entachée de passages à l'eau de rose sur les amours de l'héroïne.
L'auteur ne respecte pas la promesse tacite de voir Katniss briller. Tout comme elle est l'outil des rebelles pour sa propagande, elle devient l'outil de l'auteur pour nous faire passer un message puant la démagogie à propos des méfaits de la guerre : personne n'en sort indemne.
Seulement voila, ce n'est pas pour qu'on me délivre ce message que j'ai entamé la lecture de ce dernier Tome. On lit les Hunger Games pour la violence et la survie. On les lit pour le plaisir de détester le Capitole représenté par le président Snow, le méchant par excellence. Et on les lit pour le plaisir de suivre Katniss, plongée dans la violence par pure injustice. Une héroïne certes soumise plus d'une fois au doute et capable de se tromper mais qui incarne le bien.

En voulant introduire la nuance dans son oeuvre, en mettant sur un même pieds les rebelles et le Capitole, en faisant de Katniss l'allégorie de souffrance engendrée par la guerre, l'auteur a assassiné l'essence même son livre : l'espoir.
Lorsque la bombe dans le Grand cirque explose, Katniss est comparé au Geai Moqueur qui s'embrase et perd ses ailes.
Depuis le début, l'espoir est présent partout. C'est l'espoir de survivre qui habite Katniss lors de ses premiers jeux. C'est cet espoir de survie qui permet au Capitole de tenir les Districts dans la peur. C'est l'espoir qui habite les rebelles.
Mais quel espoir reste-t-il au lecteur une fois l'épilogue achevé ? Katniss ne sera jamais l'héroïne qu'on attendait. Elle ne sera jamais le fer de lance de la rébellion mais une couche trop épaisse de fond de teint.

Je suis conscient que beaucoup auront aimé cette noirceur et la décision de l'auteur d'emmener Katniss sur ce terrain, que c'est justement la volonté de l'auteur.
Pour ma part c'est le signe d'un manque d'inspiration. Preuve que l'auteur n'a pas trouvé de solution cohérente pour permettre à Katniss d'achever elle-même la tyranie de Snow au sein du Capitole. Preuve que son Geai Moqueur n'avait finalement pas l'envergure pour incarner un espoir autre que l'espoir factice qu'il incarne dans les spots de propagande.
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