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Critique de Cancie


À la sortie d'une audience, à Paris, sous les yeux de son avocate, Solène, 40 ans, et sans que celle-ci ait le temps d'intervenir, Saint Clair se suicide en enjambant le garde-corps et en sautant de la coursive du sixième étage du palais, ceci à la suite d'une décision sévère du juge à son encontre. Solène, "une excellente avocate, travailleuse, perfectionniste, consciencieuse" s'effondre et une dépression profonde s'installe. Elle ne pourra retourner au cabinet. le psychiatre lui suggère alors, outre les médicaments, et pour éviter la dérive de faire quelque chose pour les autres et pourquoi pas du bénévolat. Après quelques recherches, une petite annonce pour une mission d'écrivain public dans un foyer pour femmes en difficulté, le "Palais de la Femme" va attirer son attention.
Parallèlement à cette histoire, à Paris toujours, mais environ un siècle plus tôt, c'est l'histoire de Blanche et Albin Peyron que nous conte Laetitia Colombani. Ce couple parvenu au sommet de la hiérarchie de l'armée du salut n'aura de cesse d'oeuvrer pour subvenir au besoin des plus démunis et lorsque Blanche apprendra qu'un hôtel vide de 743 chambres est en vente, elle mettra toute son énergie, négligeant même sa propre santé pour trouver la somme plus que considérable nécessaire pour le racheter et offrir ainsi un toit à toutes ces femmes exclues de la société et ouvrir ainsi "Le Palais de la Femme". Ce Palais recueillera toutes celles qui ont subi la violence, le rejet, la rupture, la pauvreté.
C'est donc le destin croisé de ces deux femmes que va narrer Laetitia Colombani dans Les victorieuses, deux femmes passionnantes, étonnantes, généreuses. Elle va naviguer entre ces deux périodes, 1925 et aujourd'hui de manière étonnante.
C'est avec le burn-out, cette maladie contemporaine due au surmenage professionnel, qui ne prévient pas, que l'auteure va amener son personnage Solène à se tourner vers les autres pour vivre une autre vie et oublier le contexte qui l'y a conduit. Ce sera pour elle une véritable thérapie. Elle va se sauver en aidant d'autres femmes qui, elles-mêmes, l'aideront. Cette étape de la vie de notre avocate est très bien décrite de même que les conséquences du choix de ce métier qui n'était pas sa vocation, mais très fortement conseillé par ses parents.
Quant à Blanche Peyron, cette femme extraordinaire née en 1867, elle va tout quitter pour s'enrôler dans l'Armée du Salut et consacrer sa vie aux plus démunis aux côtés de son mari Albin. En 1925, elle parvient à réunir les fonds nécessaires pour acheter un grand hôtel de la rue de Charonne afin d'y loger des femmes dans la précarité. Celui-ci sera nommé le Palais de la Femme et sera inauguré le 23 juin 1926..
Laetitia Colombani nous fait donc découvrir comment un grand hôtel mis en vente a pu devenir ce Palais de la Femme, où de nombreuses vies seront sauvées grâce au courage incommensurable de cette femme admirable qui a voué sa vie aux autres et a su « déplacer des montagnes » pour parvenir à la réalisation de son projet. Dans le même roman, presque cent ans plus tard, elle nous fait entrer dans ce même lieu où des femmes, toujours, luttent pour leur dignité et refusent de se résigner.
Ce roman a le grand mérite de remettre en mémoire cette femme hors du commun qu'était Blanche Peyron. J'avoue, pour ma part, que je ne la connaissais pas et que l'histoire de ce Palais de la Femme m'était totalement inconnue. C'est un roman, on ne peut plus contemporain, où le courage et la solidarité apportent lumière et espoir.
Les Victorieuses sont toutes ces femmes qui, jamais, ne baissent les bras et à qui Laetitia Colombani, dans un récit simple, rend un bel hommage. Un livre empli d'humanité !
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