AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Opuscules


Pour sa sombre farce d'avril, Robin Cook l'Anglais, celui de Dora Suarez et du réalisme noir, nous sert un ragoût humain sur fond d'espionnage vaseux à la sauce british. le plat, qui peut de prime abord sembler alléchant pour les amateurs de romans noirs et de gélatine, laisse comme un arrière-goût amer au fond de la gorge. Ça gratte, ça racle, c'est un peu désagréable et un brin décevant.
En guise de mise en bouche, il y a un cadavre bouilli, mijoté et découpé en tronçons répartis dans quatre sacs en plastique joliment scellés. L'affaire échoue au service des homicides non élucidés, et atterrit sur le bureau 205 de l'Usine ; bureau occupé par un flic anonyme au caractère plutôt bien trempé, à qui il faut peu de temps pour comprendre que ce crime est l'affaire d'un professionnel. Notre limier frondeur identifie rapidement l'auteur de la tambouille infernale : les dés d'une chasse à l'homme sous tension sont ainsi jetés, et c'est par le prisme de ce jeu du chat et de la souris macabre que le narrateur se révèle, esquissant en clair-obscur les contours de ses fêlures.
L'enquêteur sans nom est en effet un pur produit de littérature noire, qui s'accroche à ses clichés comme une moule à son rocher : hanté par le souvenir de sa fille, il est rongé par la violence et la folie omniprésentes. Il est le cavalier solitaire assoiffé de justice, l'éternel rebelle qui refuse la compromission et les institutions tangentes ; il est l'homme au passé douloureux qui méprise sa hiérarchie opportuniste en s'insurgeant contre l'autoritarisme des années Thatcher. Robin Cook met le doigt sur une intrigue savoureuse, avant d'expédier sa traque et de se perdre dans les méandres de l'espionnage de façon presque grotesque. le suspense retombe comme une baudruche, et la lecture de la deuxième moitié de l'ouvrage s'apparente dangereusement à une corvée. Sensation ingrate d'ailleurs alimentée par une traduction édulcorée et policée signée Jean-Bernard Piat, qui prive ce roman de croustillant et d'acide ; de goût en somme.
Commenter  J’apprécie          21



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}