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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Nana, Jan, Ali. Ethiopie, Amsterdam, Paris.
Leurs vies n'ont rien en commun, ils ne vont même jamais se rencontrer. Une seule chose les relie : les fleurs, en particulier les roses.
Celles que Nana cueille à longueur de journées, dans une serre gigantesque et étouffante en Ethiopie, pour qu'elles soient envoyées par avion aux Pays-Bas, où Jan, trader en fleurs, va les acheter par lots depuis les gradins du marché aux fleurs d'Alsmeer près d'Amsterdam, pour le compte de ses clients. de là, elles repartiront le plus vite possible sur les route d'Europe dans des camions réfrigérés, pour arriver encore fraîches à destination chez le client final, ou chez un revendeur. Et par exemple, certaines aboutiront à Paris, dans les mains d'Ali, candidat réfugié en provenance du Bangladesh, qui vit dans l'attente de papiers et d'un travail qui lui permettra de faire venir sa femme et son fils en France. Entretemps, il vend (ou tente de vendre) ses roses à l'unité sur les terrasses de la Ville-Lumière. Euro par euro, il gratte de quoi payer son fournisseur, son loyer, et ce qui reste (quand il reste quelque chose), il l'envoie au pays.

C'est fou comme la rose, symbole tellement chargé de romantisme et de passion, fait ici le lien entre trois destins qui n'ont rien de passionné ni de romanesque, mais sont au contraire gris, désespérants, désespérés.
Après des études universitaires qui ne l'ont menée à rien, Nana, jeune femme discrète et rêveuse, se retrouve ouvrière, un sécateur à la main, le corps peu à peu épuisé par la chaleur et la station debout, empoisonné par les pesticides dont on arrose copieusement les roses, qui ont plus de valeur que les humains qui s'en occupent.
Après des études universitaires qui l'ont conduit à son emploi de trader, Jan, jeune homme insignifiant, s'englue dans un travail et une vie dont il pressent qu'ils ne vont le mener à rien d'épanouissant.
Quant à Ali, il n'a pas fait d'études, il avait un travail mais, comme tant d'autres, il voulait juste une vie meilleure pour sa famille, sans imaginer les sacrifices qu'il faudrait consentir pour y arriver (ou pas).
Loin du romantisme et de la passion précités, la rose est ici le symbole déprimant d'un monde globalisé, où tout, même l'humain, est un produit. Un monde gouverné par la seule loi du marché, du profit et de l'argent, qui broie les corps et les âmes dans des emplois précaires, dangereux et/ou vides de sens.
Ces trois portraits sont tristement réalistes, et l'auteur ne fait pas dans le pathos. Au contraire, l'écriture est trop désincarnée à mon goût, même si c'est peut-être pour montrer qu'aux yeux du Dieu Marché, ces trois vies tellement solitaires et en détresse ont si peu d'importance qu'elles sont déshumanisées et donc interchangeables à volonté. Mais quand même, j'ai trouvé ce roman trop court, trop prévisible, et manquant de consistance, de la même manière que ces roses amenées du bout du monde sont belles mais manquent de parfum. Néanmoins un livre utile s'il pouvait éveiller les consciences, ce serait déjà ça.

En partenariat avec Grasset via Netgalley.
#Rosenuit #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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