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Critique de Takalirsa


L'histoire, toute en sensibilité, d'une jeune fille qui doit accepter son nouveau corps. A travers un récit rythmé et fluide, l'auteur retrace le parcours de Margot qui, traumatisée par son corps mutilé, doit apprendre à vivre avec des prothèses.
Margot passe par toutes sortes d'étapes. Tout d'abord la colère, face à ses parents et leur "façon de m'infantiliser" qui l'exaspère : d'une part parce qu'elle est "redevenue un bébé dépendant", d'autre part parce que ceux-ci, aussi déstabilisés que leur fille, ne savent pas trop comment se comporter avec elle ("Quand maman me regarde, il y a ce mélange de tristesse et de peur qui la garde à distance"). Avec Cathy l'infirmière, Margot est encouragée à "se battre pour accepter ta nouvelle vie" : "C'est en acceptant ton corps comme il est que tu pourras te sentir bien dans ta peau". Vient ensuite le long combat pour la rééducation : les nombreux essayages de prothèses et les exercices quotidiens pour retrouver équilibre et motricité. Margot décide également de rencontrer le conducteur qui l'a renversée, que la culpabilité fait sombrer dans la dépression et dont le fils subit les agressions vengeresses au collège.

En dépit de tout cela, l'adolescente s'enferme peu à peu dans sa carapace, se montrant de plus en plus "blindée contre ses propres émotions", au point de devenir un véritable robot. Froide et distante, elle s'éloigne de toute vie sociale, ce qui inquiète sa meilleure amie Ambre ("Elle se renferme sur elle-même tous les jours un peu plus"). A la fin de l'ouvrage, on apprend que ce roman a été écrit dans le cadre du "feuilleton des Incos" et que le projet a notamment donné l'idée à l'auteur de développer ce personnage secondaire. Dans de courts chapitres insérés dans la narration de Margot, on découvre que Ambre est également préoccupée par son propre corps, à un degré moindre : avec sa poitrine hors-norme, elle pourrait envisager une réduction mammaire. Mais la féministe en elle refuse de se cacher, de "me conformer à des critères de beauté". Si elle choisit cette option, ce sera "pour l'estime de soi plutôt que le regard de l'autre".

A l'adolescence de toute façon, "tout est prétexte à commentaire", que ce soit une particularité physique, une tenue ou encore une attitude. Alors autant accepter son corps, quel qu'il soit ! Ainsi l'auteur élargit la réflexion au-delà du handicap : de manière générale, une fois que l'on a accepté qui l'on est, "plus besoin de me cacher du regard des autres". Margot aura plusieurs déclics qui mèneront à cette prise de conscience : "Je ne suis pas si différente des autres". Et même s'il n'est pas simple "d'être bien avec moi-même", désormais "je sais que c'est possible".

Par ailleurs il est question que "mon accident pourrait servir de leçon". Il y a une scène marquante où la jeune fille assiste, un matin à l'entrée du collège, à l'éternelle valse des piétons traversant n'importe comment et des automobilistes peu attentifs, qui lui a coûté ses membres : "La vie continue comme avant, avec son lot d'imbéciles !".. Mais la suite prouvera heureusement que certains sont capables de se sentir concernés par le malheur des autres. L'histoire se termine donc sur un sentiment d'espoir, celui qu'une vie normale reste envisageable, malgré tout.
Lien : https://www.takalirsa.fr/com..
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