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Critique de BMR


BMR
28 février 2024
● L'auteur, le livre (240 pages, 2024) :
Alexandre Courban, historien et collaborateur du journal L'Humanité, nous livre ici avec Passage de l'avenir 1934, une chronique sociale, policière et bien documentée du Paris ouvrier des années 30.
Un roman un peu dans l'esprit de celui de Gwenaël Bulteau lu tout récemment et qui évoquait la France du début du siècle, ou encore d'autres romans policiers "historiques".
Après ce sympathique coup de coeur (le premier de l'année !), on se dit que si l'auteur avait la bonne idée de poursuivre la série (ce roman est présenté comme un premier épisode), on serait ravi de retrouver le commissaire Bornec et le journaliste Gabriel Funel pour une nouvelle enquête "sociale".

● le contexte :
Début 1934. Suite à l'affaire Stavisky, la III° République voit le gouvernement malmené par des manifestations antiparlementaires d'une extrême droite très virulente comme partout en Europe (le parti national-socialiste allemand vient d'être plébiscité au Reichstag).
L'inflation, le chômage et la spéculation vont bon train après la crise de 1929.
À la périphérie de Paris, les bidonvilles fleurissent le long de la "zone" des fortifications.

● On aime vraiment beaucoup :
❤️ On aime cette petite histoire policière sans prétention ni esbroufe toute au service de la découverte d'une période mal connue (l'entre-deux guerres et la III° république) et qui sert de prétexte à une immersion très réussie dans le Paris social et ouvrier des années 30.
D'une prose fluide, maîtrisée et mesurée, mais que l'on devine soigneusement documentée, l'auteur endosse le costume d'historien naturaliste pour nous rappeler les principaux événements, le contexte politique, et sans forcer le trait, les conditions pour le moins difficiles des ouvriers de l'époque : c'était avant l'avènement du Front Populaire et ses conquêtes sociales.
❤️ Les conditions de travail et de vie étaient rudes dans la France d'en-bas, mais l'auteur nous rappelle aussi que si les ouvriers peinaient, d'autres souffraient plus encore : les travailleurs femmes et les travailleurs étrangers.
Pour les ouvrières notamment, l'exploitation économique se doublait d'une domination et exploitation sexuelle dont les victimes ne se comptent pas que dans le monde du cinéma d'aujourd'hui.
❤️ On aime beaucoup l'idée d'avoir centré l'enquête autour de la raffinerie de sucre du quartier de la Gare (la gare d'eau de Paris dans le XIII°) près de laquelle la noyée sera retrouvée.
Pour la petite histoire, la raffinerie dite de la Jamaïque qui est au coeur du roman, est située à Paris dans le XIII°, elle a été créée en 1831 par la dynastie Say et a fonctionné jusqu'en 1968.
❤️ Attention tout de même au piège : un auteur rusé se cache derrière l'innocence tranquille de l'historien explorant le passé pour mieux nous tendre un miroir et le lecteur avisé évitera de penser à la situation actuelle pour se dire que finalement, on n'est pas certain que tant de choses aient réellement changé depuis cette époque.
Inflation, montée de l'extrême droite, violences faites aux femmes, répression policière, spéculation financière, ... tiens donc ?
● L'intrigue :
Tout commence avec "la noyée du pont National", une jeune inconnue dont le corps a été retrouvé flottant sur la Seine et que, faute d'identité, la police va surnommer Daphné (l'équivalent du Jane Doe des séries tv).
Après cette macabre découverte, le lecteur va faire la connaissance des autres personnages du roman dont les chemins vont s'entrecroiser autour de la raffinerie et du cadavre de Daphné.
Le commissaire Bornec, le flic chargé de l'enquête.
Gabriel Funel, un journaliste à l'Huma.
Ernest Vince, le patron d'une raffinerie de sucre, peintre amateur et grand spéculateur devant l'Éternel.
Albert Sainton, le chauffeur-livreur de la raffinerie, membre des Croix-de-Feu.
Et bien sûr quelques ouvriers et autres "camarades".
Pour celles et ceux qui aiment la France d'en-bas.
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