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Critique de Patsales


Un ami brillant m'avait un jour innocemment posé une question qui m'avait coupé le souffle tant elle m'avait scandalisé : pourquoi lire des romans ? Mais c'est à lui que j'ai pensé en commençant « De pierre et d'os », fiction nourrie de récits d'ethnologues sur la culture inuit. L'écriture blanche (forcément) m'a gênée et le début de l'histoire, que j'ai trouvé grossièrement symbolique, m'a donné envie de fermer le livre pour me jeter sur Jean Malaurie ou Paul-Émile Victor qui m'auraient raconté leurs explorations sans m'infliger l'histoire d'une jeune fille séparée de sa famille la nuit même de ses premières règles.
J'ai donc eu besoin d'un temps d'inadaptation pour me rendre compte de la force de ce récit, qui réussit ce que les plus grands explorateurs des pôles ne savent pas faire: éliminer l'inévitable condescendance du Blanc qui parle, à des lecteurs forcément ignorants, d'un peuple qui reste pour lui, malgré toute son empathie, un objet d'étude. le roman de Bérangère Cournut, en nous précipitant dans un univers absolument étranger, ne joue pas sur l'identification du lecteur à la narratrice: elle parvient à nous installer en visiteur un peu perdu mais profondément reconnaissant, recueilli par des hôtes parfaitement hospitaliers et à apprivoiser pour nous l'inquiétante étrangeté de leurs coutumes. Parler aux esprits ou enterrer vivants les nourrissons auprès de leur mère morte relève alors, sinon de l'évidence, du moins de la compréhension absolue et immédiate.
Double récit initiatique, donc, que ce voyage de l'héroïne et ce périple du lecteur au pays des mille et une (i)nuits
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