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Critique de Mimi6231


Une riche vision (parcellaire) du système judiciaire US

Une relation épistolaire constitue le départ de celle-ci mais très rapidement, le graphisme prend une place de plus en plus importante. de cela naît un projet de réalisation d'un ouvrage à quatre mains.
L'intention première de l'autrice est de dénoncer la peine de mort mais là aussi le projet glisse vers la dénonciation des conditions de détention de ces condamnés.
Il importe d'avoir bien présent à l'esprit qu'il n'est nulle part question de remettre en question le jugement (bien que le condamné Renaldo Mc Girth proclame son innoncence) mais bien la nature de la sentence et les conditons de détention.
A travers les difficultés rencontrées pour ces échanges (critères abscons de rejet du courrier, critères de plus en plus restrictifs et ouverts à des interprétations de moins en moins cadrées et donc subjectives, "perte" de courrier...)
Il apparaît clairement que la volonté de l'administration pénitentiaire vise une forme de brimades de ces individus tant dans les applications des règles que dans le maintien de ce lien épistolaire. Les rejets de courrier contiennent de moins en moins le motif.
L'évolution de cette administration se traduit dans l'évolution de l'implication de Renaldo MCGirth dans ces échanges. Ceux-ci sont traversés de périodes de silence ou de vide dans les contenus qu'il envoie. L'homme disparaît de plus en plus pour se transformer en un simple dossier à traiter. La re-sentence qui doit permettre de savoir s'il est toujours condamné à mort ou s'il "bénéficiera" d'une condamnation de détention à perpétuité traîne, à la fin de l'ouvrage, depuis plus de six ans.

Le dessin quasi exclusivement en noir et blanc, traduit l'oppression permanente de cette situation, les "évasions" oniriques.
Il est intéressant d noter que les trois ou quatre dessins en couleurs sont ceux de celui qui est en prison.
Si le choix de ces traits épais est celui de l'autrice, il en est tout autre du découpage des dessins en multiple morceaux. Ceci vise à contourner la censure concernant les dessins.

Un ouvrage oppressant, puissant, évoquant fortement la pression tant matérielle que morale exercées par l'administration judiciaire américaine sur ces condamnés à mort. La réflexion sur la nature de cette condamnation , motivation première de l'autrice a été délaissée.
Cette situation est insupportable mais il serait intéressant d'avoir un ouvrage semblable se consacrant cette fois aux victimes collatérales de ces criminels.
De même, aborder le problème des jugements portés serait riche. Dans ce cas précis. la condamnation a été à l'unanimité moins 1 voix mais est-ce que le fait que l'inculpé est noir n'a pas eu une influence décisive sur le vote final ?

Un ouvrage qui met mal à l'aise, intéressant de par l'angle de vue choisi. Il ne permet toutefois pas de se faire un idée sur la question. La réflexion sur la peine de mort en elle-même est totalement éludée.
La décision des tribunaux n'est pas non plus traitée.
La situation des proches des victimes n'est absolument pas abordée. Ne vivent-ils pas, eux aussi, une situation aussi dramatique ?
J'apprécie le traitement du sujet, je comprends l'intention de l'auteur mais cet ouvrage ne doit pas être pris comme unique support de réflexion sur ce problème très complexe : justice, victime, peine, objectif de cette peine, de ces traitements, efficacité etc...
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