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Critique de Kyokoandbooks


En commençant La conteuse d'Auschwitz, entre ce titre, la couverture et le résumé de la 4e de couverture, je m'attendais à un récit se déroulant exclusivement dans le camp. Je me préparais à une lecture difficile, mais j'avais aussi peur que l'horreur des faits ne me rende l'ensemble trop impersonnel. Peur de passer à côté d'un récit trop dur pour moi.

En réalité, le roman s'ouvre en 1940, à Paris. Nous y faisons la connaissance de Claudette Weil, Etty pour ses amis. Etty est une romancière à succès, mais elle est également juive, bien qu'ayant déserté depuis longtemps la synagogue et sa communauté. Et donc pleinement concernée par le nouveau statut des Juifs, qui multiplie les interdits pour les personnes de sa confession. Claudette se voit interdite d'exercer son métier, puis de posséder une bicyclette, de se rendre dans les musées, de flâner dans les parcs municipaux... Au gré de ses réactions à ces interdits, Claudette va faire des rencontres et prendre des décisions qui vont profondément bouleverser sa vie, et la conduire au fameux camp d'Auschwitz.

Si j'ai été surprise que le roman ne s'ouvre pas à ce moment-là, je dois dire que je pense que c'est une très bonne chose. Car pendant la longue partie où nous suivons Etty à Paris, nous voyons petit à petit la situation basculer en France, nous voyons ceux qui acceptent de détourner les yeux, ceux qui sautent à pieds joints dans la collaboration, ceux qui prennent des risques pour rester en accord avec leurs valeurs et principes.

Mais surtout, nous nous attachons à Etty, et à ceux qu'elle côtoie. Cette empathie pour le personnage m'a rendu la suite du récit d'autant plus poignante et réaliste. Là où on pourrait craindre un étalement de faits sordides, car la réalité des camps, nous la connaissons tous; ici nous avons simplement l'impression de suivre ce qui arrive à une personne dont nous sommes proches.

Je ne vous cache pas que ce roman a été très dur à lire, j'ai été extrêmement touchée, j'ai réellement versé toutes les larmes de mon corps à un moment donné. Je trouvais pourtant que je supportais bien le récit des faits, mais à un moment, il a suffit d'un événement pour que je bascule.

Pendant tout le roman, j'ai vraiment été partagée entre deux sentiments: d'un côté, la difficulté à concevoir une telle malveillance, une telle cruauté de la part d'être humains (dont on doute de l'humanité, pour le coup); de l'autre, la fascination pour ces femmes (et ces hommes) qui ont su trouver des miettes d'espoir, de résilience, de résistance... trouver la lumière dans l'obscurité, et s'y accrocher de toutes leurs forces pour survivre.

Savoir que l'autrice s'est inspirée de plusieurs personnages ayant réellement existés pour construire son récit, n'a pu que le rendre d'autant plus poignant pour moi.

Ce n'est pas une lecture facile, certes, mais c'est le genre de lecture nécessaire pour ne jamais oublier. Une lecture coup de poing et coup de coeur, qui m'a autant captivée que bouleversée. Je vous la recommande fortement, mais un conseil: n'oubliez pas votre paquet de mouchoirs!

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