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Critique de lauredanse


Dans ce petit récit de science-fiction de 70 pages, Philippe Curval dénonce le désir perpétuel d'expansion et de domination des humains oubliant les acteurs mêmes de ce qui fait l'humanité. Il s'inquiète quant au devenir de l'espèce humaine dans un monde qui prône l'individualisme, l'égoïsme et qui ne s'attarde pas sur les désirs de chacun, leur besoin d'écoute, d'affection, de partage et d'unicité.

Cette nouvelle est constituée de deux blocs. le premier est la narration à la première personne d'un chercheur, d'un scientifique ou d'un professeur, on ne sait pas très bien, ce que l'on sait c'est qu'il travaille dans son laboratoire, qui explique ses travaux et sa conclusion. le second est la narration à la première personne d'un foetus puis nouveau-né, retranscription faite par le chercheur d'après le résultat de son expérience.

Dans cette dystopie les nouveaux-nés décèdent prématurément en ayant vieilli très vite, quelques semaines voir quelques mois. La baisse du nombre d'humain est devenue irréversible et pourrait faire disparaître l'humanité entière si rien n'est fait. C'est pourquoi le narrateur nous explique dans la première partie, découpée en chapitres nommés Mémoires, qu'il décide d'étudier les foetus et nouveaux-nés en élaborant une machine qui enregistre toute la mémoire utra-utérine du foetus et celle de ses premiers jours. Il appelle ses victimes de décès précoces les « hypermaturés ». Avec son instrument il peut enregistrer toute l'activité cérébrale du sujet et décrypter toute sa conscience (auditive, affective, tactile, visuelle, olfactive et gustative). Il peut donc analyser l'éveil de l'intelligence, la formation de l'ego et l'acquisition des connaissances. Les hypermaturés ont des pouvoirs de télépathie ce qui leur permette de lire dans les autres le monde et donc d'en souffrir précocement dans le cas présent. Ce qui ressort de son expérience c'est que l'hypermaturé est dans un état de psychose d'échec qui l'amène à se suicider peu de temps après sa naissance. Cela pourrait être un suicide collectif émanant de l'inconscient collectif face à la réalité du monde et de la vie. Il est donc urgent de lutter contre « l'hypermaturation » qui touche les enfants.

Dans la seconde partie, réalisée en chapitres appelés Stock, le sujet étudié se nomme Camille Félix Trezel. C'est lui qui raconte sa petite existence à partir du ventre de sa mère puis de ses premiers jours, traduction faite par le chercheur d'après ses enregistrements. Il nous décrit ses ressentis dans le ventre de sa mère puis à sa naissance. Ayant été livré au chercheur pour ses études il le voit comme étant sa mère et très vite il va souffrir de son manque d'attention et d'affection, il sent qu'il n'est qu'un cobaye de laboratoire « dès qu'elle est partie, je replonge dans les rêves et je chie sur moi pour les tenir au chaud ». Il est convaincu qu'elle veut l'éliminer. Il est en colère de cet absence total de sympathie et d'amour. Il va donc se suicider en utilisant son capital vital très rapidement.

A travers cette nouvelle il nous parle de la détresse de la solitude, de l'individualisme, du manque d'empathie et de sympathie. Les thèmes de la naissance et de l'existence sont abordés d'une manière pessimiste au vu du monde qui se profile (nous sommes en 1978). Quel est le devenir de l'humanité dans de telles circonstances ? Ici les êtres décident d'accélérer leur vie donc leur mort, un désir de ne plus être, de disparaître d'un monde où l'on est transparent, inutile.

C'est un ouvrage qui est intéressant, effrayant mais qui a vocation de s'interroger sur nos réelles motivations de vie et sur ce qui est d'importance vitale ou non. Que doit-on rechercher ? Comment devons-nous agir pour protéger cette humanité ? Attachons-nous nous à l'essentiel ?

Réelle science-fiction ou anticipation ?
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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