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Critique de Amorina


Quelle injustice que ce livre méconnu ! Savouré en une journée, je referme les pages de cette perle rare comme sous l'effet d'un enchantement : celui inattendu de la justesse et de la finesse des mots de l'auteur.

Car, si l'histoire dont il est question ici est celle d'un religieux, il n'est pas tant question de foi que de sincérité et d'amour. Et c'est ce dernier, passionné et enrobé de folie, qui s'exprime au travers des lignes brillantes et parfaites de ce court roman. Ainsi, voici comment l'attente chimérique de toute une vie peut prendre forme en la chair de l'être aimé et briser, sous sa pression insupportable et son rayonnement infini, le coeur et la destinée d'un homme.

C'est cette histoire que raconte, sous la forme d'une confidence douloureuse à un jeune voyageur, le religieux Aloys. de son enfance solitaire à la découverte d'un monde qui le répugne et le subjugue, de ses espoirs fous à la rencontre de la femme élue à laquelle il doit pourtant renoncer au profit de sa fille, c'est toute la fascination d'une personnalité hors du commun, pétrie de contradictions, qui nous plonge dans une mer de souvenirs et de combats intérieurs.

J'ai éprouvé une grande admiration pour la justesse et l'habileté presque effrayante avec laquelle le marquis de Custine dénonce ici les faiblesses et les dérives des coeurs trop grands face à la lâcheté de ceux qui les abritent. Chaque pensée interpelle, résonne comme un glas face à nos propres erreurs, nos propres dissimulations et les mensonges que, toujours, nous justifions par leur nécessité. Par le personnage d'Aloys, lâche se cachant au monde pour effacer le souvenirs de ses fautes, l'auteur invite chacun à une réflexion sur ses instincts égoïstes et sur sa faculté à assumer ses actes.

Et si le pusillanime du religieux lui donne encore le courage de se retrancher derrière la prière, refuge de son âme faible et perdue par manque de bravoure, il n'est pas certain que cette consolation soit encore donnée aux coeurs conduits par lui à la destruction. le mal que l'on fait peut-il jamais se réparer…?

À lire et à relire.



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