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Critique de LoupAlunettes


" - Scuse-moi, princesse, mais c'est mon banc que t'as pris là. Et quand on s'assied sur mon banc, on doit payer l'impôt clodo!
- C'est quoi, ça, l'impôt clodo?
- T'en fais rien de tes cerises à l'eau-de-vie?..."
Un baluchon qui ne deviendra que plus léger pour notre héroïne Elisabeth de passage à la grande capitale, vous ne pensez-pas?
Que fait-elle avec de l'eau-de-vie?
Il faudra le découvrir par vous même, jeunes gens, on ne va pas tout vous dire non plus.

L'histoire.
1920. Paris.
Il y aura une Tour Eiffel, des bancs et des " clodos".
Tout cela paraitra assez exotique pour notre Elisabeth.
Mais il est vrai que dans un orphelinat de bonnes soeurs, on ne connait pas bien la vie.
Suivant une adresse inscrite derrière une photo de ses parents (seul héritage), la petite Elisabeth tombera sur cet accueil parisien sans chichis et réservé aux sans le sou comme elle qui débarque à Paris (après un parcours à pied, après la halte chez le paysan et la prise en autostop d'un soldat).

Quelle tempérament, cette gamine!
Dégourdie et pleine d'espoir.
Elisabeth s'évadera de l'orphelinat des religieuses à Brest où elle fut placée à la mort de ses parents pour traverser le pays jusqu'à Paris.
Adieu Bretagne.
Derrière une photo de feu ses parents donc: une adresse à Paris, la rue Marbeuf.
Bienvenue à la capitale, petite!
La France se relèvera à peine de ses affaires de tranchées, de Prussiens et la vie devra continuer.
On nous parlera même de la " grippe espagnole" du côté breton juste après.
Quelle époque!

Rendez-vous au sommet.
Le dedans.
Après avoir levé la tête pour admirer le sommet de la Tour Eiffel, notre "Babette" trouvera son adresse mystère tout en haut d'un immeuble ("hausmannnien", comme on dit), avec ses multiples étages sans ascenseur et ses couches sociales empilées comme les garnitures d'un hamburger. Tout en bas, les plus bourgeois, tout en haut, leurs personnels de maison et des chambres dite "de bonnes".
Y aura t-il de la famille par ici? En attendant, Elisabeth va comme l'on dit "squatter" les lieux et "emprunter" de la nourriture le temps de mesurer quelles sont ses nouvelles.
Nous aurons le temps de profiter d'une installation progressive qui nous remettra dans un bain d'époque et permettra de redécouvrir comment l'on vivait dans ce Paris entre deux guerres. On aime bien.

Le dehors.
La vie de Paris sera pleine de gouaille (et d'humour, grâce au "bagou" de l'auteur Vincent Cuvellier).
Les clochards y seront des personnages plutôt populaires, connaissant le gendarme et le boulanger, des gars du coin.
L'auteur en fera des guides sympathiques, profiteurs (il faut bien manger, ma bonne dame) mais avec un grand coeur.
Nous aurons pour certains à l'esprit et pour la même époque, l'acteur britannique Charles Chaplin connut outre-atlantique le succès avec son personnage clochard truculent " Charlot".
C'était en Amérique et avant la guerre.
Nous serons dans cette fiction après la même première Guerre et des clochards truculents, il y en aura.
Paris est grand, trop grand pour une gamine seule.
À qui pourra t-elle faire confiance?
Le " Jérôme", le " Pascal" et le " Fendu" avec son surin se proposeront de faire rempart de leur corps (creux ou trop remplis de boissons) et d'aider la petite Elisabeth à traverser Paris, parce que les rues de Paris, c'est pas pour une petite fille seule (nous aurons souvent envie de rire).

L'élément perturbateur inattendu.
Et pourtant, il y aura plus inquiétant. Il y aura les Schmolls, oui les Schmolls (Comment? Non, le Schmoll n'est pas allemand, jeunes gens...chhht, je continue).
L'auteur glissera dans son récit un détail fantastique. Et autant que les rats, les araignées ou les cafards qui prirent leurs aises après une bonne guerre, Cuvellier nous pointera du doigt ( là, là et là aussi) d'autres créatures mais elles attirées par le malheur d'autrui.
Mauvaise humeur, contrariétés, mésaventure, mésententes, catastrophes, tout sera bon pour séjourner un temps dans le coin et même inviter les copains, en attisant un peu le feu. le Schmoll attirera la schcoumoune, le mauvaise oeil, la tuile, la malchance des ongles rongés.
Nous craindrons alors le pire pour notre petite bretonne ( sauf si elle est copine avec l'Ankou, si elle a une grand-mère avec des remèdes de grands-mères ou quelque chose du genre. Là, il ne faudra pas l'embêter).
Elisabeth semblera la plus au courant de la présence de ces Schmolls (c'est le côté breton, ils sentent le mauvais oeil comme l'odeur des crèpes s'évadant d'une cuisine, il parait. Cela me semble bien pratique) et finalement, elle sera un peu la bienfaitrice secrète de l'immeuble, désinsectisant les nuisibles un peu malicieux qui profiteront des situations contrariantes.
On aime bien l'idée qu'avec Elisabeth la vie continue sous son "égide", on aime bien aussi l'humour savoureux de l'auteur à la hauteur d'une gamine de 10 ans, les descriptions détaillées et pleines d'esprit de cette vie en communauté entre valets et maîtres sur plusieurs étages.
" Elisabeth sous les toits" est une bonne surprise pétillante, cela se lit bien et avec plaisir.
Alors, Elisabeth aura t-elle de la chance et tirer le bon numéro à cette adresse?
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