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Critique de LaBiblidOnee


Mais comment fait-elle ? Troisième tome, troisième univers encore totalement différent des précédents - et pourtant totalement cohérent. C'est encore avec jubilation et frénésie que j'ai dévoré, toujours en trois jours, ces 600 pages, durant lesquels les personnages continuent d'évoluer, lentement, mais sûrement.


Pourtant, le grand absent du début de ce roman est le personnage qui, pour moi, donnait le sel aux tomes précédents : Thorn, le fiancé du tome I, devenu le mari durant le tome II… est porté disparu au début de ce tome III. L'alliance de notre liseuse animiste Ophélie et de ce chasseur apparemment inatteignable faisait le charme de l'histoire : le grand escogriffe qui n'aime personne et ne laisse place à aucune faiblesse, mais s'énamoure d'un petit bout de femme pas si effacée qu'elle en a l'air, mais qui en revanche est la plus maladroite des deux avec ses sentiments… Je ne sais pas si l'auteure s'est vu reprocher la lenteur de l'évolution de leur relation, mais elle insiste beaucoup dans ce tome sur la maladresse d'Ophélie à exprimer ses sentiments. Comme si, animiste habituée à ce que les objets réagissent à ce qu'elle ressent, elle ne savait pas comment l'exprimer à un homme. Et puis il y aussi le fait qu'en fait d'homme, c'est son premier. Cette absence lancinante lui fait prendre de plus en plus conscience de ses sentiments au fur et à mesure que son envie de les exprimer grandit. le vide que laisse Thorn prend paradoxalement toute la place dans les pensées d'Ophélie. Drôle de mariage arrangé, dont j'aime beaucoup voir évoluer la relation. Alors quand on me supprime mon amoureux (oui-oui je me suis légèrement identifiée aux personnages^^), finalement je lis encore plus rapidement pour le retrouver !


Mais j'ai fait plus de pauses aussi. Parce que ce tome est plus éprouvant. On est sous la tension de l'intrigue qui se complexifie, mais sans amis pour nous soutenir et sans amant pour veiller sur nous… On commence par le chercher sur l'arche de Babel, l'arche de la connaissance, « la mémoire de l'humanité ». Ça tombe bien, comme on cherche aussi la vérité sur la chute de l'ancien monde, pour y trouver peut-être la cause des dysfonctionnements actuels, on va devoir apprendre à se fondre dans cette masse de babéliens, obéissant eux aussi à leurs règles particulières. Après sa rencontre décevante et effrayante avec Dieu, Ophélie en avait déduit que « c'était sur Babel que toute l'histoire avait commencé. La grande histoire : celle des esprits de famille, des Livres, de Dieu et de la Déchirure. » Quant à Dieu :
« La mère Hildegarde s'était tuée à cause de lui.
Le baron Melchior avait tué pour lui.
Thorn avait failli être tué par lui. »
Pas de doute, dans ce nouveau monde, comme dans notre ancien, Dieu -ou ceux qui se prennent pour lui - est au centre de toutes les guerres ou presque…! Sauf que sur Babel, le mot « guerre », comme un certain nombre d'autres, est interdit.


Sans Thorn et sans ses alliés habituels qui sont un peu occupés ailleurs (dans des roses des vents, pour tout vous dire, et à carapater après un bébé au don d'ubiquité), Ophélie devra se débrouiller seule. Et on s'est effectivement sentie bien seule toutes les deux dans cet épisode, sans Archibald pour nous divertir, la tante bérénilde pour veiller sur nous, le valet comme ami.
C'est peut-être ce qui m'a rendu ce tome moins chaleureux que les deux précédents. Pour autant je ne me suis jamais ennuyée, j'ai admiré avec quel talent on découvrait encore un autre univers totalement différent des deux précédents, ce qui nous empêche de nous lasser. J'ai finalement aimé ce changement de rythme, qui fait de cette série une surprise à chaque tome.


Et puis, si l'on trouvait de nombreuses références littéraires dans les tomes précédents, comme Alice au pays des merveilles, le passe-muraille, harry potter, les mythologies et j'en passe, ici les guerres de religion mises à part, ce tome est très inspiré de nombreux autres sujets de société comme la révolution industrielle, la naissance de l'ordinateur, mais aussi, un peu comme dans 1984, le pouvoir des mots et de la censure ainsi que de la réécriture des livres d'histoire dans la mise en place d'une dictature par exemple…
Une lecture classée jeunesse qui n'en reste pas moins riche en réflexion autant qu'en culture et en imaginaire. Un livre qui fait rêver autant que réfléchir.


« La seule véritable erreur est celle qu'on ne corrige pas ».
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