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Critique de LaRousseBouquine


Il y a ces livres qu'on commence un soir juste avant de dormir et dont on ne peut vraiment se séparer… jusqu'à les avoir finis. Parce que l'histoire est intéressante, et tout de suite, l'auteur semble vous mettre dans la confidence. Comme s'il venait s'asseoir à côté de vous pour vous raconter sa petite histoire sur un ton plein de camaraderie. Pendant quelques heures, Philippe Dana m'a emmenée aux côtés de Ginette Kolinka et de sa famille et j'ai adoré mon voyage.

Ginette Kolinka est ce genre de femme incroyable, mon « modèle de vieillesse ». Elle a 91 ans, et qu'importe, elle pète la forme. Elle marche dans Paris avec aisance, a une vie sociale cent fois plus intéressante que la mienne, et respire la joie de vivre.

C'est une femme qui traîne derrière elle une histoire incroyable que seule une trace sur son corps laisse présager : sur son avant-bras qu'elle cache souvent, est tatoué depuis sa jeunesse « 78599 », son matricule à Auschwitz-Birkenau.

Vous pourriez vous dire : Oh non, encore un témoignage sur la déportation. Et j'avoue que j'ai pensé ça aussi. Car même si je lis énormément de choses à ce sujet, que c'est une abomination de l'histoire qui n'en demeure pas moins « intéressante », il y a un moment où ça va bien. J'ai parfois le sentiment qu'on en fait trop, qu'on ne parle que de ça. Mais ce livre justement, c'est bien plus que ça. Car résumer la vie de Ginette à sa déportation serait assez lamentable. Bien sûr, cela fait partie intégrante de sa vie. Et ce livre s'y attarde évidemment beaucoup. Mais pas seulement.

Philippe Dana nous fait le portrait détaillé d'une jeune fille joyeuse, un peu effrontée parfois, une jeune Parisienne dont les parents travaillaient dans un atelier de fabrication d'imperméables. Jusqu'à la guerre, les interdictions qui se multiplient pour les Juifs, la fuite pour échapper aux incarcérations, et la déportation, en 1944. Les conditions sur le camp d'Auschwitz, la découverte du camp d'extermination, la volonté de survivre coûte que coûte.

Mais il parle aussi de l'après… du retour en France, de la ré-acclimatation à la vie normale. de sa rencontre avec son mari, et de leur fils, Richard Kolinka, le batteur du groupe Téléphone (et ouais, quand même…).

Le livre mérite totalement son sous-titre. Philippe Dana nous invite à une plongée dans l'histoire, des années 1930 à nos jours, en passant par les jours sombres de la seconde Guerre Mondiale à la naissance du rock dans les années 1970. C'est une jolie biographie familiale, qui se veut intime, mais pas intrusive. L'auteur, au-delà de raconter l'histoire de la famille Kolinka, ajoute aussi énormément de détails et d'anecdotes historiques qui donnent vraiment de la valeur au récit. Chaque chapitre s'ouvre sur une coupure de presse de l'époque qui nous aide à nous plonger dans l'atmosphère du moment.

J'ai adoré ce livre, tout simplement. Je ne connaissais pas Ginette Kolinka avant, et j'ai envie de dire qu'importe. Ce n'est pas la toute nouvelle biographie à la mode, qui vous donnera les détails des psychoses et névroses de je ne sais quelle personnalité. C'est un témoignage vivant, bien écrit, qu'on lit d'une traite, sur une femme incroyable et son fils un brin rebelle, mais aussi sur certaines périodes de l'histoire que Philippe Dana ravive avec brio.
Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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