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Critique de Ledraveur


“Saga” d'un « Iktomi Rinpoché » tibétain ...
Je ne souhaitais pas vraiment lire cette « enquête » de Marion Dapsance, le propos me  “touchant” de trop près sans doute ! Ma compagne l'ayant rapporté de la « Médiathèque » de Toulouse, je l'ai lu tout de même...  !
Dès la “première de couverture”, le ton est donné … c'est « l'Inversion » de la Tradition ! « La mise à l'envers d'un endroit ! »
Bien qu'anthropologue en activité Marion Dapsance nous livre là plutôt un contenu d'enquête de type “journalistique” en personne “avertie” du sujet, avec un regard parfois amusé, tantôt quelque peu pamphlétaire, qui donne une certaine  envolée à ce qu'elle nous narre … avec la persistance typographique de “dalaï-lama” sans majuscule … amusant, mais “petit” !
Sonam Gyaltsen alias Sogyal Lakar (de la famille Lakartsang*) est plus connu dans les “milieux” occidentaux du bouddhisme tibétain sous le vocable de : “Sogyal Rinpoche”. Nous avons croisé le chemin de ce “dignitaire” à deux reprises, en 1990 et 1991** ; une première fois donc dans l'entourage qui accompagnait Khyabjé Dilgo Khyentsé cet été-là à La Sonnerie en Dordogne, puisque celui-ci devait aller enseigner à « Rigpa-France » (Lérab Ling n'existait pas encore à l'époque) une dizaine de jours fin août 1990 et une seconde fois donc lors de la venue du Dalaï-Lama sur la Côte de Jor en Dordogne fin août 1991. 
Ce fut donc très anecdotique ; fondu dans la dimension d'événements (l'un 1990 est l'autre 1991) d'une telle ampleur, le premier assez confidentiel, le second très médiatisé,  Sogyal Lakar n'avait pas vraiment relevé notre attention particulière … 
Les années sont passées, nous nous étions éloignés de tous ces milieux en 1993, et son nom a commencé à faire surface dans les années 2007/2008 au gré d'événements qui commençaient d'agiter sérieusement la “communauté pratiquante” et sympathisante de France du “lamaïsme”, bouddhisme de forme tibétaine donc.
J'ai donc lu attentivement ce livre, qui confirmait la déviance de la dite Tradition dans nos contrées …
Sogyal Lakar incarne un “trickster” simiesque du maître tibétain Trungpa, caricature faisant penser à « Iktomi »*** de la tradition Lakota ;
« Iktomi Rinpoché » !

Au-delà du descriptif du “cheminement” de M. Dapsance, il se pose la question d'une instrumentalisation du « bouddhisme tibétain » en nos contrées d'occident, qui n'a pas de précédent … 
Il s'avère que ce qui s'est finalement présenté ne correspond à rien et est une curieuse création hybride des traditions culturelles himalayennes importées en nos contrées de façon impromptue, superficielle et totalement inadaptée ...
Des ambitions « d'écoles », de Lignées, de “maîtres” plus ou moins accomplis ont brouillé les cartes dans  une situation socio-politique tibétaine complexe  qui s'embourbe dans l'inextricable.
D'ailleurs le lapsus de  M. Dapsance (p. 184/185) concernant Le Dalaï-Lama et la Lignée Kamtsang Kagyu est éloquent !
« Le Dalaï-Lama, autorité spirituelle en tant qu'incarnation de la divinité Tchenrézig, bénéficie en effet d'une autorité limitée sur ce que font les lamas appartenant à d'autres lignées que la sienne. 
Il n'est d'ailleurs même pas à la tête de l'école Kagyu, à laquelle il appartient pourtant. Son autorité n'est donc pas celle d'un pape, et le fait qu'il s'affiche régulièrement avec tel ou tel enseignant bouddhiste ne vaut pas gage de légitimation au profit de ce dernier. » 
Il est évident qu'ici nous sommes dans l'imbroglio lamentable et la confusion des genres suite au schisme interne désastreux de la succession du XVIe Karmapa. 
Le  Dalaï-Lama est issu de l'ordre des Gelugpa (et non Kagyupa) et effectivement ne dirige pas cette école, toutefois il y désigne le  Gaden Tripa, maître de cette lignée (actuellement le 105e Jangtse Choejey Kyabje Jetsun Lobsang Tenzin Palsangpo depuis le 25 juin 2017). 
Mais comme il a pris sous son influence personnelle le XVIIe Karmapa présenté par le Taï-Sitoupa et Gyaltsapa après la mort tragique du jeune Djamgon Khongtrul en 1992 (Lodreu Tcheukyi Sengué Tenpaï Gotcha, né en 1954, tous les trois faisant partie des quatre régents du XVIe Karmapa), la confusion est compréhensible.
Nous voyons bien là les limites de ce qui peut être appréhendé par une personne « extérieure » aux subtilités internes des Lignées du Vajrayana tibétain …
Cela jette un peu une “ombre” sur ce compte rendu, par ailleurs fort intéressant.
Sogyal Lakar se “pose” en “pratiquant” de « Maïthuna », en héritier potentiel de Kunga Legpa'i Zangpo et Sangye Tsenchen (“Le Fou de Tsang” compilateur des célèbres « Cent mille chants » de l'hagiographie de Milarépa, de la « Lignée de Bouche à Oreille de Rétchoungpa » [Dordjé Drak]****) et autre Jowö Mati du Lhobrag, sauf que la “compassion active” de Kunley n'hésitait pas à tenter « l'impénétrable des vagins effondrés » de femmes d'âge bien mûr, ne réservant pas le “gland” de son pénis pourvoyeur “d'éveil” à destination exclusive de plus ou moins “jeunes péronnelles” … ! Nous sommes bien loin de la « fusionnelle complétude » de Dévî dont nous parle avec beauté Daniel Odier ***** ! En outre ces personnages en référence dans la tradition du Vajrayana étaient des “vagabonds”, plus ou moins sans le sou, tout comme le disciple de Do Khyentsé, Dza Patrul  (XIXe), dont Dilgo Khyentsé était un héritier direct et accompli lui ! ... tout comme Chhimed Rigdzin. 
D'ailleurs, Marion Dapsance, répond à ses détracteurs dans « La Croix », du 07/02/2017, que finalement : « … les Tibétains et les tibétologues savent très bien que ce "bouddhisme" mi-occidental mi-tibétain proposé par des "maîtres" comme Sogyal Rinpoché n'a pas grand chose à voir avec les traditions culturelles himalayennes. S'il y a quelque chose que ce livre "dénonce", c'est cette curieuse création hybride que ni les Tibétains ni les tibétologues ne reconnaissent. » Elle “égratigne” au passage les “promoteurs du bonheur” en occident, tel Matthieu Ricard ou Frédéric Lenoir ; Raphaël Liogier confirmait d'ailleurs dans un article, l'aspect fantasmagorique de la chose (http://www.hebdo.ch/hebdo/cadrages/detail/%C2%ABle-bouddhisme-qui-s%C3%A9duit-les-occidentaux-est-un-fantasme%C2%BB).
Ainsi, cet ouvrage met en perspective les travaux conséquent de Cécile Campergue (https://www.babelio.com/livres/Campergue-Le-maitre-dans-la-diffusion-et-la-transmission-du-/644762) “diabolisée” elle aussi, comme ayant eu des “fonds chinois” pour réaliser sa thèse ! 
Toute personne qui ose porter des questionnements sur se qui se passe à ce sujet dans les « centres tibétains de France » est aussitôt “dénoncé, stigmatisé” comme ayant des liens et des accointances avec le gouvernement de la « Chine Populaire ». Ce genre de méthode ne laisse pas de portes ouvertes au “dialogue”, d'ailleurs ils n'en veulent tout simplement pas ! Ils sont dans une attitude obtuse où ils croient  ne devoir rendre de comptes à personnes … un enfermement dans une forme de “samaya-mafia” … où l'omerta règne dans l'aveuglement d'une dévotion idiote, voire "débilitante" mais très rentable en terme de biens économiques vers les intéressé(e)s, le "business" ! (sans parler de ceux "en nature" et autres !) ; 1 roupie = 0,013 d'euro ! … bravo, bien !
« Coyote » ... pour vous servir !

« In my personal experience, there are two taboos in Buddhist organisations, both of which have merit and both of which can be used as manipulative tools. One of them is an injunction against gossip – useful when trying to establish a calm mental state, but also useful to prevent the circulation of critical comment.
The second is samaya – the bond of loyalty that is one of the key tenets of Tibetan Buddhism. It supports the relationship between teacher and neophyte, but it can be deployed unscrupulously as a threat – break your samaya and attract dire consequences to yourself and your loved ones.
Another factor is that acceptance into the inner circle around an important guru delivers high status within the organisation. Women are persuaded to view the master as a deity and to be compliant with his wishes and whims, to undertake a punishing workload and be available for sex on demand. They are separated from family and friends, discouraged from contact with the outside world and persuaded to see the organisation as family with the guru (confusingly as father-lover) in absolute power and control. By the time women realise they are being abused, exploited and embedded in a coercive cult, it is often too late for them to extricate themselves. Their investment is total and their chances of making lives for themselves beyond the organisation have dwindled into non-existence. »
https://www.theguardian.com/commentisfree/belief/2011/jul/01/lama-sex-abuse-sogyal-rinpoche-buddhist
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3 août 2017
Communiqué suite au scandale lié à Sogyal Rinpoché
publié le jeudi 3 août 2017, par UBF
Le maître du bouddhisme tibétain nyingmapa, Sogyal Rinpoché est visé par des accusations concordantes , qui, tel que nous en avons connaissance et telles qu’elles sont énoncées, ne correspondent en aucun cas à l’éthique bouddhiste et se révèlent injustifiables à tous points de vues.
Dans l’attente qu’une évolution heureuse soit établie, l’Union Bouddhiste de France suspend la qualité de membre de Rigpa Lérab Ling et Rigpa France.
L’UBF exprime avec sincérité et compassion tout son soutien spirituel aux personnes concernées par cette affaire et à la communauté internationale de cette école.
http://www.bouddhisme-france.org/espace-presse/article/communique-suite-au-scandale-lie-a-sogyal-rinpoche.html
https://www.facebook.com/OKCinformation/posts/1796661047028866
https://yarlungwarrior.wordpress.com/2017/08/31/abuse-is-abuse-we-live-in-the-world-of-conventional-reality/

* Pour clarifier et préciser : Sogyal est membre de la famille Lakartsang ou Lakar. Lakartsang était une famille de commerçants dans la vallée de Rongpatsa à Kham. Sogyal porte toujours son nom. Son nom personnel est une contraction de Sonam Gyaltsen.
https://www.facebook.com/sogyal.rinpoche/photos/a.485061908344.252790.30766398344/10156019121648345/?type=3&theater
http://camisard.hautetfort.com/media/02/02/2051308259.jpg
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=816940431799231&set=p.816940431799231&type=3&theater
http://camisard.hautetfort.com/media/00/02/3612388908.jpg
** Sogyal Lakar dès la fin des années 1990, est déjà obnubilé par la “dévotion” au « maître Vajra ». Il prenait appui sur la stature d'un réel yogi accompli (Vajradhara), Khyabjè Dilgo Khyentsé, pour asseoir et valider son propos, et bien que se présentant comme un simple “étudiant/disciple” du dit yogi, on se rendait bien compte, que comme beaucoup d'autres hélas, il comptait bien reprendre à son “compte propre” la dite “dévotion illuminatrice” ! Sauf que l'on ne se compare pas impunément à un personnage tel qu'était Tashi Peljör (K.  Dilgo K.) !
Voir : http://camisard.hautetfort.com/media/00/01/3998832327.jpg
http://camisard.hautetfort.com/media/01/00/3826360209.jpg
et
http://camisard.hautetfort.com/media/01/00/3964497586.jpg
http://camisard.hautetfort.com/media/01/01/2004917275.jpg
voir également :
https://www.facebook.com/hridayartha/posts/815493161943958
*** https://www.babelio.com/livres/Erdoes-Et-Coyote-crea-le-monde/270899
**** https://www.babelio.com/livres/Milarepa-Les-cent-mille-chants-tome-1/700680
***** https://www.babelio.com/livres/Odier-Tantra/40462/critiques/505070
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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