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Critique de dido600


. En s'appuyant sur une soixantaine de témoignages enregistrés rapportant les motivations ayant conduit des «supplétifs musulmans» forcés par malheur soit par les troupes armées de l'ex-puissance coloniale française ou bien par leurs propres frères Algériens pour une raison ou une autre, Pierre Daum, journaliste et auteur, construit un livre-enquête qui se révèle poignant et intéressant à plus d'un titre. En remettant en question des idées reçues des deux rives de la Méditerranée, cet essai bouleversant lève le voile sur une période d'histoire cruciale de deux pays en guerre entre 1954 et 1962. le dossier des «collaborateurs» de la France coloniale, instrumentalisé particulièrement par les nostalgiques de l'Algérie française depuis des décennies en France, après le cessez-le-feu entre les deux pays, est le fil conducteur de l'enquête menée par Pierre Daum. Fruit de deux ans et demi d'échanges verbaux pour recueillir de vifs témoignages auprès «d'anciens supplétifs, mais aussi d'anciens soldats de l'armée régulière et d'anciens civils profrançais», restés en Algérie après 1962, l'enquête de l'ancien correspondant de Libération en Autriche puis en Languedoc-Roussillon, rend compte que tout au long de la période qu'a duré l'insurrection armée en Algérie, les deux camps en conflit, (l'Algérie comme la France), «se sont livrés à une véritable lutte psychologique afin de gagner à eux les masses paysannes indécises. Pour l'armée française, recruter un harki, c'était avant tout une façon illusoire de rallier la population algérienne. À l'inverse, les cadres du ALN/FLN, conscients de la stratégie ennemie, ont toujours tenu un discours vis-à-vis des harkis du type : «Vous vous êtes trompés, vous êtes manipulés par l'oppresseur colonial, si vous nous rejoignez, on vous pardonnera vos erreurs». de fait, un certain nombre de harkis ont quitté l'armée française et rejoint les rangs de l'ALN. Et inversement. Ce genre de va-et-vient a été constant pendant toute la durée de la guerre. À l'indépendance, l'ALN n'a donné aucune consigne à suivre vis-à-vis des harkis. Chaque officier -voire chaque djoundi- a agi selon sa conscience. Certains se sont montrés cléments- «La guerre est finie, on tourne la page, on ne va pas continuer à se tuer entre nous»-, d'autres, au contraire, ont cherché la vengeance. Il faut souligner que les violences envers les harkis ont souvent été le fait de «marsiens», ces résistants de la vingt-cinquième heure, ceux qui ont joué les héros quand la guerre était finie (après le cessez-le-feu du 19 mars, d'où ce surnom de «marsiens»). Pour ces hommes sans courage, frapper ou tuer un harki au moment de l'indépendance ne comportait aucun risque, comme l'on fait les moudjahidines, Les harkis restés en Algérie après l'indépendance». , pris dans la tourmente d'une guerre impitoyable. D'un côté, les pauvres bougres poussés par la misère dans les casernes de l'armée française, et de l'autre, ceux qui ont rejoint les maquis sous la menace du FLN. Ni traitres ni héros. Ni collabos ni résistants. Tous des victimes…». Il s'agit là d'un extrait qui en dit long sur le lien pas encore apaisé des Algériens, d'une part, et des Français, de l'autre, avec leur Histoire commune. Une mémoire collective véhiculant des blessures instrumentalisées politiquement dans l'Algérie indépendante tout comme en France.
Enfin un roman très captivant et inconditionnellement a' lire
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