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Critique de Milllie
Jana, 16 ans, est une adolescente (presque) comme les autres : issue d'une famille modeste, entourée d'une bande de copines, amoureuse de l'adorable Ferdi et à l'aise au lycée, bref à part sa grande taille et sa maigreur qui la font parfois se sentir extraterrestre, tout va bien pour elle. Mais quand un chasseur de talents la repère au parc d'attraction et lui propose de faire un essai pour devenir mannequin, elle croit d'abord à une arnaque avant d'accepter le rendez-vous et de basculer tout à coup dans un autre monde : un monde de paillettes, d'argent facile, de voyages et de belle vie... belle vraiment ?
J'ai adoré Fashion Victime, d'abord pour le magnifique personnage de Jana. Une ado drôle, attachante, les pieds sur terre et dont l'auteur a parfaitement su rendre les réactions et les sentiments, vraiment un très beau personnage auquel on ne peut que s'attacher. le roman nous plonge dans ce qui ressemble au rêve de n'importe quelle jeune fille : être repérée par une agende de mannequin, avoir une chance de devenir célèbre, côtoyer les stars qu'on suivait jusqu'ici sur Internet, gagner en une heure plus d'argent que ses parents en un mois et pouvoir ainsi les aider à assurer les fins de mois. Tout le talent de l'auteur consiste à nous présenter ces événements comme si on les vivait à la place de Jana et c'est particulièrement réussi : même avec mon réalisme d'adulte et en sachant très bien à quel point ce milieu est faux et comment tout cela va (mal) se terminer, je me suis laissée emporter par le glamour des premiers jours, la transformation de Jana en magnifique mannequin, les essayages, l'ambiance survoltée des défilés. C'est là que j'ai trouvé ce roman particulièrement astucieux car on ressent parfaitement à quel point une adolescente ne peut pas résister à ce type de proposition et à quel point elle est fragilisée et sans défense face aux potentiels abus qui vont suivre.
Car bien sûr la suite du roman sera beaucoup moins drôle et l'ambiance au fil des pages va devenir glaçante, le titre original en anglais "Meat market" est d'ailleurs beaucoup plus explicite. On ne peut qu'être horrifiée par la vie qui va peu à peu être imposée à Jana, les couturiers qui considèrent les mannequins comme des porte-manteaux pour leurs créations et les traitent comme des objets, l'épuisement dû au rythme infernal, aux voyages et au décalage horaire, ces très jeunes filles abandonnées seules dans des villes et des pays inconnus et passant du confort absolu des défilés à des appartements miteux où elles doivent se débrouiller jusqu'au lendemain sans aucun adulte dans les parages. Et bien sûr pour tenir, les médicaments, somnifères et anxiolytiques qui semblent circuler librement et faire partie du job. Fashion Victime nous emporte ainsi dans un tourbillon d'émotions, on est horrifiés pour Jana, on a envie que ça s'arrête et en même temps on comprend sa volonté de tenir le coup et de continuer ce métier maintenant que la réussite est là. J'ai vraiment été révoltée par certains passages, tous ces adultes beaucoup plus âgés que les jeunes filles dont ils sont censés être responsables et dont pas un ne pense à veiller sur elles et à s'assurer de la manière dont elles tiennent le coup et la pression.
Paradoxalement j'ai trouvé que la partie mise en avant sur la couverture (#Metoo dans le monde de la mode) n'était franchement pas la plus intéressante et ai un peu regretté qu'une bonne partie de la fin du roman soit consacrée au combat que vont mener Jana et ses amis contre un photographe coupable d'abus sur plusieurs mannequins. Bien entendu cela doit aussi faire partie des travers à dénoncer quant au monde de la mode mais ce n'est finalement qu'une partie du problème avec les drogues, l'obsession de la minceur conduisant à fragiliser complètement les jeunes filles, la manière dont elles sont exploitées et mal traitées. le fait que le roman se focalise sur ce seul thème des abus sexuels m'a paru un peu réducteur, surtout que l'on bascule dans une fin menée un peu rapidement et pas très réaliste, on sent bien que l'auteur a voulu terminer sur une note optimiste, pourquoi pas mais cela affaiblit un peu le propos.
Malgré ce léger bémol, Fashion Victim est un roman à lire et à faire lire : loin de tout côté moralisateur, l'auteur réussit à nous faire voir à la fois tout le glamour du monde de la mode et tous ses aspects sordides et à nous montrer à quel point les uns et les autres sont liés et comment il suffirait peut être de pas grand chose pour que cela change. On voit qu'elle connaît bien son sujet et tout sonne juste avec en prime des pages très drôles, de beaux personnages et un vrai suspens qui m'a empêché de lâcher ce livre avant d'arriver au bout tellement j'espérais que Jana s'en sorte sans dommage. A recommander !
J'ai adoré Fashion Victime, d'abord pour le magnifique personnage de Jana. Une ado drôle, attachante, les pieds sur terre et dont l'auteur a parfaitement su rendre les réactions et les sentiments, vraiment un très beau personnage auquel on ne peut que s'attacher. le roman nous plonge dans ce qui ressemble au rêve de n'importe quelle jeune fille : être repérée par une agende de mannequin, avoir une chance de devenir célèbre, côtoyer les stars qu'on suivait jusqu'ici sur Internet, gagner en une heure plus d'argent que ses parents en un mois et pouvoir ainsi les aider à assurer les fins de mois. Tout le talent de l'auteur consiste à nous présenter ces événements comme si on les vivait à la place de Jana et c'est particulièrement réussi : même avec mon réalisme d'adulte et en sachant très bien à quel point ce milieu est faux et comment tout cela va (mal) se terminer, je me suis laissée emporter par le glamour des premiers jours, la transformation de Jana en magnifique mannequin, les essayages, l'ambiance survoltée des défilés. C'est là que j'ai trouvé ce roman particulièrement astucieux car on ressent parfaitement à quel point une adolescente ne peut pas résister à ce type de proposition et à quel point elle est fragilisée et sans défense face aux potentiels abus qui vont suivre.
Car bien sûr la suite du roman sera beaucoup moins drôle et l'ambiance au fil des pages va devenir glaçante, le titre original en anglais "Meat market" est d'ailleurs beaucoup plus explicite. On ne peut qu'être horrifiée par la vie qui va peu à peu être imposée à Jana, les couturiers qui considèrent les mannequins comme des porte-manteaux pour leurs créations et les traitent comme des objets, l'épuisement dû au rythme infernal, aux voyages et au décalage horaire, ces très jeunes filles abandonnées seules dans des villes et des pays inconnus et passant du confort absolu des défilés à des appartements miteux où elles doivent se débrouiller jusqu'au lendemain sans aucun adulte dans les parages. Et bien sûr pour tenir, les médicaments, somnifères et anxiolytiques qui semblent circuler librement et faire partie du job. Fashion Victime nous emporte ainsi dans un tourbillon d'émotions, on est horrifiés pour Jana, on a envie que ça s'arrête et en même temps on comprend sa volonté de tenir le coup et de continuer ce métier maintenant que la réussite est là. J'ai vraiment été révoltée par certains passages, tous ces adultes beaucoup plus âgés que les jeunes filles dont ils sont censés être responsables et dont pas un ne pense à veiller sur elles et à s'assurer de la manière dont elles tiennent le coup et la pression.
Paradoxalement j'ai trouvé que la partie mise en avant sur la couverture (#Metoo dans le monde de la mode) n'était franchement pas la plus intéressante et ai un peu regretté qu'une bonne partie de la fin du roman soit consacrée au combat que vont mener Jana et ses amis contre un photographe coupable d'abus sur plusieurs mannequins. Bien entendu cela doit aussi faire partie des travers à dénoncer quant au monde de la mode mais ce n'est finalement qu'une partie du problème avec les drogues, l'obsession de la minceur conduisant à fragiliser complètement les jeunes filles, la manière dont elles sont exploitées et mal traitées. le fait que le roman se focalise sur ce seul thème des abus sexuels m'a paru un peu réducteur, surtout que l'on bascule dans une fin menée un peu rapidement et pas très réaliste, on sent bien que l'auteur a voulu terminer sur une note optimiste, pourquoi pas mais cela affaiblit un peu le propos.
Malgré ce léger bémol, Fashion Victim est un roman à lire et à faire lire : loin de tout côté moralisateur, l'auteur réussit à nous faire voir à la fois tout le glamour du monde de la mode et tous ses aspects sordides et à nous montrer à quel point les uns et les autres sont liés et comment il suffirait peut être de pas grand chose pour que cela change. On voit qu'elle connaît bien son sujet et tout sonne juste avec en prime des pages très drôles, de beaux personnages et un vrai suspens qui m'a empêché de lâcher ce livre avant d'arriver au bout tellement j'espérais que Jana s'en sorte sans dommage. A recommander !
