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Critique de Dominique_Lin


Tout le livre est une forme de monologue intérieur de Josette, 7 ans, arrivée dans cette maison en Provence un jour d'été avec sa mère, loin de tout, surtout loin de Marseille, pour ne plus être avec le père, devenu alcoolique et assurant les basses besognes des malfrats du milieu marseillais, qui aurait pu les emporter dans une tourmente dangereuse.

La maison, c'est celle d'Emma, la tante d'Odette, qui a aussi une fille de sept ans.

Alors, les voilà toutes les quatre en huis clos de l'été à vivre la même séparation d'avec les hommes, un qu'on ne veut plus voir, et l'autre, engagé en guerre d'Indochine, qu'on espère par-dessus tout voir revenir. L'un est le maudit pour son comportement, l'autre, béni pour son engagement.

Odette ne semble pas comprendre l'attitude de sa mère, le rejet qu'elle a pour son père, lui qui l'emmenait découvrir un monde merveilleux aux yeux de la petite fille, mais qui en réalité n'était qu'une longue suite de bistrots, de verres vidés sans soif, de lieux de débauche, peuplés d'hommes peu fréquentables et de femmes qui fréquentaient beaucoup ces hommes-là et bien d'autres…Pourtant, Odette a été témoin de la descente dans les bas fonds de son père, des effets de l'alcool, mais il restait son père merveilleux qui la serrait dans ses bras.

La narration oscille entre les pensées et les souvenirs d'Odette pour son père qui ne sont que tendresse et amour et l'atmosphère de plus en plus lourde, oppressante de la maisonnée dans l'attente du héros parti à l'autre bout du monde, chez « les Viets », dans la crainte d'un télégramme ou de la visite de gendarmes venus annoncer LA mauvaise nouvelle, surtout qu'au fil du temps, les lettres arrivent de plus en plus espacées. Qu'il soit un salaud ou un héros, pour une fillette de sept ans, un père est toujours un homme merveilleux.

On oscille aussi entre le regard présent d'Odette et celui qui, avec le recul du temps, permet de comprendre cette période de son enfance et les faits qui lui auraient échappé, comme la réalité de la relation de ses parents, des amis de son père, de la crainte de sa mère et son instinct de préserver sa fille.

Si le résumé de l'éditeur en dit long sur le fond, ce qu'il n'évoque pas, c'est la plume de Céline Debayle, fine, poétique, fluide. Il fallait bien cela pour descendre dans la fosse abyssale de la déchéance d'un père. On frôle le pathos sans jamais le toucher. Nous sommes dans le réalisme cru, à la frontière de l'écriture figurative tant les images courtes mais répétées traduisent les situations, les gestes, les attitudes et les regards qui ne trompent pas. Tous les couples ne sont pas heureux, mais tous les parents malheureux ont du mal rendre heureux leurs enfants.

Difficile de tenir tout un texte dans cette ambiance, dans ce regard. Peut-être cela vient-il de moi, mais j'ai trouvé la deuxième moitié du livre moins captivante, qu'elle avait moins de rythme et de tension… ce n'est qu'un avis, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier l'écriture de Céline Debayle.
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