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Critique de AMR_La_Pirate


Je tiens à remercier Larème Debbah pour la confiance qu'elle m'accorde en me confiant son premier roman, Une Vie après l'autre, pour lecture et avis.
Elle aborde ici un sujet terrible : la perte d'un enfant, la colère et la souffrance d'une mère tandis que la vie continue envers et contre tout : « après un mariage raté, un divorce bâclé, le décès de sa fille, elle avait bien droit à un peu de bonheur, même si la culpabilité continuait de la ronger au plus profond de son être ».

Ce roman est construit autour du portrait d'une femme active, divorcée, « jonglant magnifiquement bien avec les aléas de la vie quotidienne, sa fille et les responsabilités liées à sa boutique ».
Ne pas aller voir tous les jours sa fille dans le coma, se réfugier dans le travail, refuser les mains tendues de son ex-mari et de son employée qui se comporte pourtant en véritable amie, remettre en cause l'attitude du médecin, telles sont les postures développées par Larème Debbah pour le personnage d'Hélène, à la fois fragile et pragmatique. En effet, quand une telle tragédie touche des parents, l'entourage s'attend à des comportements stéréotypés, des rapprochements, une forme de dignité austère : Hélène a une boutique à faire tourner, tombe sous le charme d'un bel interne, se montre instable et égoïste, refuse l'appui proposé par le père de sa fille auquel elle en veut toujours de les avoir abandonnées, … Elle émeut, agace, questionne. Puis, nous comprenons peu à peu sa lassitude, son désarroi devant l'évolution inéluctable du coma de sa fille. L'auteure évite l'écueil du pathos facile et trouve une tonalité juste et naturelle pour décrire le quotidien de ses personnages.

Mais tous les protagonistes font un peu cliché tout de même : la belle et jeune héroïne charismatique à la fois femme et mère, l'ex-mari déboussolé et repenti, l'amie fidèle toujours célibataire, le bel interne séducteur qui profite de la vie, l'infirmière aigrie et jalouse, un peu trop portée sur l'alcool, le médecin pédiatre à la force tranquille et sécurisante, généreux et dévoué, mais à la vie privée désastreuse et qui ne vit que pour ses jeunes patients… de plus, certaines péripéties sont très (trop ?) représentatives du roman sentimental populaire, genre que je n'affectionne pas particulièrement, et, même si elles permettent des analyses psychologiques intéressantes, je suis persuadée que les personnages auraient pu arriver au même point sans passer par des évènements qui me rappellent des séries comme Urgences ou Grey's Anatomy…
Arrivée à mi lecture, je commence à trouver que la narration perd de son rythme et traîne en longueur ; quand la fin est annoncée, prévisible, il faut que la trame narrative soit assez originale pour garder le lecteur en alerte et j'ai du mal à rester en phase avec ce roman : je m'y ennuie un peu… Pourtant les péripéties qui s'enchainent aux presque trois-quarts du récit, loin de me réveiller, m'insupportent par un effet de « trop » même si j'aime bien l'idée de l'expérience de mort imminente : je n'en dis pas plus pour ne pas divulguer la suite.

Toujours très sensible à l'écriture, je pense qu'un format plus court aurait mieux servi le sujet d'Une vie après l'autre. Certains chapitres sont très courts, réduits à une page ou à un seul paragraphe, ce qui crée un déséquilibre et démontre un manque de construction, une approximation dans l'échafaudage du récit ; cette faiblesse dans le rythme est de plus en plus fréquente vers la fin du livre, comme si l'auteure s'essoufflait un peu, elle aussi.
Je déplore également quelque répétitions, fautes et maladresses ainsi que de petites incohérences, de simples détails certes, mais dommageables pour la bonne réception du texte et la qualité de la narration : par exemple, lors de l'accident, les badauds présents sur les lieux « [appellent] les secours en précisant bien que deux personnes [sont] inconscientes dans l'habitacle, dont une petite fille » mais, un peu plus tard, le pédiatre annonce à la mère que lorsque sa fille « a été éjectée, sa tête a heurté violemment le trottoir » …

Je ne suis pas spécialement adepte des « feel-good books », pour reprendre une expression anglo-saxonne du jargon littéraire, de ces livres drôles, attachants, émouvants, qui donnent la pêche et se lisent rapidement, qui littéralement font du bien au moral en proposant une vision optimiste de la vie et de ses aléas, en montrant que l'on peut s'adapter, rebondir, croire en ses rêves, trouver la résilience…
C'est le domaine revendiqué par Larème Debbah et elle tire finalement plutôt bien son épingle du jeu. Malgré les réserves que j'ai pu formuler, je reconnais un réel travail sur la psychologie des personnages et un regard empathique, courageux et volontaire que son parcours personnel, tel qu'elle le livre dans sa présentation, met subtilement en valeur.
En conclusion, je publie un avis mitigé, mais il est très personnel et ne doit pas décourager les amateurs du genre.
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