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Critique de Jean-Daniel


Feignant d'écrire pour aider son fils à choisir une orientation scolaire, Régis Debray transmet le bilan de sa vie et dresse un regard de déclin sur son itinéraire mais également sur le monde. Ce « Bilan de faillite » est l'occasion pour Régis Debray de se pencher sur les choix essentiels de son existence, son parcours jalonné d'erreurs, de défaites et de désillusions.

Jouant au grincheux capricieux, Debray livre un bilan désabusé de sa carrière politique et littéraire ; il ne prétend plus vouloir transformer le monde, mais juste le comprendre. Jeune homme, il a vécu avec passion ses engagements sur lesquels il ironise aujourd'hui avec un certain humour. Le temps est passé, est venu le temps des regrets, mais reconnaître ses erreurs est souvent difficile : « Il est toujours plus facile d'épouser une lubie que d'en divorcer ».

Les mots se bousculent beaucoup trop dans sa prose, et le lecteur est inévitablement dérouté par un style trop ampoulé et confus, un minimum de pédagogie serait nécessaire afin de donner simplement envie de poursuivre la lecture de ce petit livre fastidieux. Debray a pourtant parfois des éclairs de lucidité : "Écrire pour se faire plaisir, oui, mais ne plus penser changer le monde par le biais de l'écrit [...] J'ai l'impression d'avoir fait, avec mes écrits, des ronds de fumée".

Décliniste convaincu, Debray devrait s'appuyer sur ses échecs pour relativiser et donner quelques outils. Pourtant, il ne cesse de vouloir faire passer son échec personnel pour un échec collectif, alors que ses utopies politiques n'ont débouché sur rien : « Tous les guetteurs à leur créneau savent que mettre dans le mille avant l'heure revient à mettre à côté de la plaque. L'astreinte au produit frais ne va pas sans déboires, et chaque fois que j'ai pu voir juste, avec quelques années d'avance, on me persuada que j'avais tout faux.” A l'heure du bilan, il estime avoir eu raison sur presque tout.

Certes Debray dispose d'un sens aiguisé de la formule mais en se tournant en permanence vers le passé il devient un professionnel du désenchantement qui se veut au-dessus de la mêlée, mais qui n'apporte jamais d'idées nouvelles, de solutions qui pourraient agir sur le monde ou d'espoir pour les jeunes. On a envie de lui dire : après ce constat, tu fais quoi ? Passe à autre chose ! Mais Régis Debray reste fidèle à lui-même, une sorte de luciole, parfois lumineux, mais jamais éclairant.
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