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Critique de Patsales


Ouh là! Mais c'est quoi ce truc?
Roman, biographie, hagiographie, journal, le tout avec plein de gros morceaux de Victor Hugo dedans.
Le docteur Bougrat, malgré une conduite irréprochable en 14-18,est envoyé à Cayenne pour meurtre. Il s'évade et au terme de sa cavale devient médecin des pauvres au Vénézuéla.
Jean Valjean enfoncé!
D'autant plus que Bougrat est innocent ! Dedet le clame et affirme dans son épilogue que la victime est morte d'un accident thérapeutique: soigné pour la syphilis, Jacques Rumèbe suit un traitement risqué. Il aurait été déclaré assassiné pour sauver la mise aux pharmacologues et à leurs produits. Bougrat a été jeté à la vindicte populaire pour que les vérolés continuent à avoir foi dans les officines d'apothicaires.
Mais, mais, mais.
Roumèbe a disparu alors qu'il transportait 8000F. qu'il venait d'encaisser. Et où va-t-on retrouver son corps? Dans le faux-plafond du docteur Bougrat. Et les 8000F.? Eux ne seront jamais retrouvés, mais Dedet avoue tout à la fin de son livre qu'il est fort possible qu'ils aient transités par la poche de Bougrat.
Bref, Bougrat n'a peut-être pas tué, mais il a planqué un cadavre (par affolement, plaidera-t-il ensuite) et l'a peut-être détroussé, ce qui me rend personnellement beaucoup moins accessible aux cris dénonçant l'erreur judiciaire.
Selon André Velter, du "Monde", "Le livre de Christian Dedet se lit la rage au ventre... Un roman vrai qui s'impose comme (...) une oeuvre de justice là où la justice a failli." Vraiment? J'ignore si Bougrat était innocent, mais la défense que lui prodigue Dedet sent la justice de classe. Après Meursault condamné pour ce qu'il était et non pour ce qu'il fit, voici le docteur Bougrat envoyé aux galères malgré ce qu'il était: un bourgeois et un ancien combattant. C'est ainsi que j'interprète le plaidoyer de Dedet (lui-même médecin) horrifié de ce qu'un jury populaire puisse croire qu'un homme comme il faut puisse devenir un voleur et un assassin.
Donc, Bougrat est envoyé aux galères. le pauvre homme! Là-bas, il vit à part des bagnards et continue d'exercer. Il lui arrive même d'être reçu au domicile de ses confrères (entre gens du même monde, quoi). Il s'évadera quand ce régime de faveur sera sur le point de lui être retiré.
Alors, personnellement, si j'ai eu la rage au coeur (rage rigolarde toutefois), c'est uniquement quand j'ai dû supporter la litanie des portraits féminins croqués par Dedet:
- L'épouse française qui renie son mari (lequel l'a mise dans son lit quand elle n'avait que 15 ans)
- La maîtresse , "une créature de si piètre envergure".
- Madame de Roquevaire qui reçoit le forçat à sa table et lui demande d'excuser son fils: "À son âge, les distractions ne sont pas nombreuses. Il n'a pour jouer que les enfants des mulâtres et des Indiens!"
- Tindia, la jeune Indienne: "J'avais désiré les seins nue de la jeune fileuse, je m"étais attaché à la grâce un peu lourde de ses formes. (...) Mais à quoi m'aurait conduit de m'attacher à cette peau satinée, à ce sourire d'éternelle enfant?"
- Magdalena, l'épouse vénézuélienne: elle "fut l'âme de la maison. Elle avait su gagner dès le premier jour la confiance d'Anna, mis un peu d'ordre dans la composition des repas, rendu le bureau de son mari plus confortable."
Au secours! Vite, un roman de Benoîte Groult!

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