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Critique de KrisPy


De la légendaire histoire de Robinson Crusoe, je ne connaissais que la lumineuse version de Michel Tournier « Vendredi ou les limbes du Pacifique », et me restait aussi des bribes éparses d'images de vieux films, du genre « L'ile mystérieuse ».
J'ai enfin comblé cette lacune en lisant l'original, le seul, l'unique : Robinson Crusoé de Daniel Defoe, dont on connait tous l'histoire en résumé.
Le livre se découpe en trois parties inégales : la vie de Crusoé de sa naissance à sa vie d'homme, devenu propriétaire de nombreuses terres agricoles au Brésil ; le naufrage et les années sur l'ile ; le retour à la civilisation.
Robinson Crusoé n'était pas une très bonne personne avant son naufrage ; il n'était ni croyant, ni altruiste, ni vraiment mauvais d'ailleurs. Il était un homme de son temps - le 17ème siècle - pressé de faire des affaires et d'agrandir son patrimoine. Pas très différent de tout homme d'affaire actuel.
Mais ce qui causera sa perte, pour son salut ironiquement, sera de vouloir encore augmenter son capital par l'entremise de traite d'esclaves… Il est déjà amusant de voir à l'oeuvre la morale religieuse.
Car ce livre, bien que terriblement attachant et distrayant par son côté historique et vieillot, se veut manichéen à souhait, et mine de rien, d'un grand prosélytisme religieux.
Car comment qualifier autrement la sainte exultation de Robinson quand il prend conscience qu'il est béni de Dieu… ? Une pénitence qui durera 26 ans… Une leçon doublement assénée ; la solitude salvatrice, rédemptrice, puis l'accueil de Vendredi, le bon sauvage à évangéliser. Et pour finir, ce retournement de Crusoé, qui préférera rester en Angleterre, après avoir distribué ses largesses en réparation de son passé, plutôt que de retourner au Brésil, pays de papistes, afin de n'avoir pas à abdiquer… L'argent comme moyen de rédemption. Hum. La bonne conscience à bon prix. Ce n'est pas joli-joli tout ça…
Ceci dit, allez, je vais aussi jouer à être manichéenne, si les préceptes moraux et religieux de Defoe avaient eu autant de succès que le sensationnalisme de l'histoire, on n'en serait peut-être pas là… ceci dit aussi, il a peut-être participer à la prise de conscience du peuple sur l'énormité de l'esclavage… ? Mais j'en doute.
Il n'en reste pas moins que ce Robinson Crusoé de Defoe fut une lecture très plaisante, et maintenant, je connais enfin le récit original qui a inspiré tellement d'écrivains et de cinéastes.

note : la version que j'ai lu est celle annotée et revue par Jean-Pierre Naugrette, à partir d'une traduction de Petrus Borel. J'ai trouvé parfois pénibles les annotations de bas de pages, surtout quand elles expliquent des mots ou expressions relativement connues... mais parfois utile.
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