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Critique de Bouvy


Bouvy
04 septembre 2018
Dans un camp de réfugiés, quelque part en Afrique (aucun pays n'a été choisi par les auteurs par respect de la neutralité mais ils ont choisi volontairement l'Afrique car ce continent est malheureusement le plus représentatif des enfants enrôlés de gré mais plus souvent de force, dans les milices armées et rebelles mais aussi parfois dans les forces régulières) un adolescent est interrogé par la Commission Vérité & Réconciliation. Il se nomme Tamba Cisso, il a à peine seize ans et a été enlevé dans son village par un chef de guerre rebelle à l'âge de huit ans. Il raconte son drame mais les auditeurs voient en lui un assassin, un criminel, une personne qui a attenté aux droits de l'homme et à la vie et la liberté de ses semblables. Tamba se raconte, il conte aussi l'histoire des autres enfants enlevés et enrôlés. Beaucoup on périt au combat, quand ils n'ont pas été assassinés par les hommes de leur camp car ils ne voulait plus de la guerre. Tamba a fuit, en compagnie d'Awa, une jeune fille enlevée aussi et qui, encore enfant, est esclave sexuelle de la troupe et aussi la bonne à tout faire. Un autre enfant s'est enfui avec eux, Aceyta, qui s'accroche un coquillage à chaque vie qu'il enlève, pour ne pas oublier l'horreur des actes qu'on l'oblige à commettre. Tamba arrive dans un camps de réfugié de l'HCR, le Haut-Commissariat aux Réfugiés. Georges, un vieil homme plein de sagesse, réfugié depuis des lustres, tente d'aider le jeune homme a retrouver une vie normale. Awa arrive à son tour dans le camp. Elle est enceinte des viols qu'elle a subis mais Tamba, solidaire, décide de la protéger et d'élever l'enfant qu'elle attend. Mais Tamba doit être interrogé pour les crimes qu'il a commis. Il n'est pas encore considéré comme une victime. Et puis, les rebelles approchent du camps de réfugiés, lourdement armés…

Une bande dessinée reportage d'un réalisme surprenant. Un livre qui nous ouvre les yeux sur le drame que vivent ses enfants, enlevés, enrôlés, dressés à tuer, à violer. Comment, après tous ces drames, ces lavages de cerveaux, ne pas être considérés comme de simples criminels de guerre. Comment, quand depuis la plus petite enfance, on a été dressé à assassiner, ne fut-ce que pour survivre, retrouver une vie normale et réintégrer la société. Comment passer une nuit sans cauchemar qui vous rappelle sans cesse la violence que fut toute votre jeune vie. Cette bande dessinée m'a touché. D'autant qu'au Congo (RDC) j'ai eu des missions de collaboration après les guerres civiles où je devais remettre en ordre des centres de formations pilotes, créer avec des Africains, par approche de compétence, des référentiels de formation techniques. Formations qui ne devaient pas demander de prérequis scolaires pour pouvoir offrir un avenir professionnel à des enfants qui n'avaient pu être éduqués car soit enrôlés de force dans des milices militaires, soit abandonnés pour des raisons aussi stupide que sorcelleries car un vieil oncle était décédé sans qu'on ne sache pourquoi dans la famille. Ses enfants ont été confrontés à la terreur, au viol. La mort a été leur quotidien, les blessures aussi, celle du corps est de l'esprit (je ne crois pas à l'âme). Je me rappelle de leur regard, parfois éteint, dur, insensible ou bien encore hagard, traumatisé, avec une peur logée au fond des yeux. Il fallait trouver des solutions pour leur redonner confiance en l'humanité, leur donner des chances pour retrouver leur humanité. Jamais ils n'oublieront l'horreur qu'ils ont vécu mais le rendre un peu d'espoir, c'est déjà un pas vers la guérison et l'avenir. Il fallait tout reconstruire, les centres de formations, des logements d'accueil, former les formateurs, ré équiper les centres, les nettoyer, les remettre en route. La tâche est ardue et longue mais je me dis toujours, même si nous n'en sauvons qu'un, c'est déjà extraordinaire. Voilà aussi pourquoi je suis si ému par cette lecture. Les enfants soldats, dressés pour être des tueurs en herbe, ne sont que des victimes de guerre à qui on a volé leur enfance, leur famille, leurs espoirs mais, avec générosité, avec de beaux projets de coopérations comme ceux auxquels j'ai eu la chance de participé et d'être impliqués (coopération officielle, organisée par la coopération technique belge), nous pouvons les aider à retrouver leur humanité. Bref, un livre qui ne m'a pas laissé indifférent, superbement bien illustré, de surcroît, avec aussi une belle mise en couleur. Lu en numérique en format KINDLE avec une très belle numérisation, lu sur un iPad Pro.
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