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Critique de Annette55


Comment qualifier ce live lu d'une traite , qui décrit de façon si profonde ,subtile, cruelle ô combien, la découverte du monde des adultes par un enfant ?

Au commencement, le lecteur , surpris découvre une scène mythique des origines: celles des premières communautés humaines vivant au rythme de la pêche , de la chasse, des cueillettes, affrontant les éléments naturels : vent cinglant , grands froids, végétation rase, lande battue par les vents , des barbes broussailleuses mangent le dur visage des hommes et des femmes rubicondes portent les nouveaux - nés sous des fourrures élimées .

Un prologue quasi mythologique , apocalyptique … au coeur d'un environnement naturel qui engloutit …

L'auteur conte le retour d'un homme blessé , porteur d'une histoire trop lourde pour ses épaules , héritier bien malgré lui d'un schéma de violence pesant , venant de très loin. .

Il revient après des années d'absence dans le foyer de son ex - compagne et de son fils de neuf ans afin de retrouver sa place——resurgit et les conduit aux Roches , un hameau hostile , une maison isolée ,en pleine montagne où lui- même vécut autrefois avec un patriarche assez particulier —— quasiment tombée en ruines ——qu'il n'aura de cesse de reconstruire en même temps que l'unité familiale.
«  La maison perdue, à la façade minable, la bâche en partie soulevée sur la tuile plate du toit » ou le break de l'homme ,une Citroën BX d'un «  bleu électrique avachie sur sa suspension hydraulique » .

L'auteur décrit avec une exactitude absolue qui fait plus «  voir » encore plus qu'imaginer les scènes de l'ouvrage., les arbres qui enserrent, les montagnes qui engloutissent , dévoile de terribles drames et secrets passés .
L'intrigue simple : un couple avec un enfant , seuls , loin de tout dans la montagne devient d'un coup aussi complexe que la psychologie de ces bêtes humaines .
Les trois protagonistes n'ont pas de «  nom » , on les appelle «  le père » la mère » , «  le fils » semblables à des figures universelles , emblématiques., symboliques .
Hanté , dévasté par la jalousie , rongé par son passé , le père perdra toute mesure et sombrera lentement dans la folie .

L'auteur explore avec virtuosité les sentiments en se plaçant du côté de l'enfant à l'aide de la troisième personne , creuse au plus profond les sensations du garçon , sa vulnérabilité,ses interrogations, le rapport fusionnel avec la mère , aimante , tendre , les relations très «  extérieures avec ce père qu'il ne connaît pas , mais avec lequel un authentique rapport père - fils peut être espéré ou fantasmé ,et aussi , bien sûr les liens fantastiques , physiques , avec la nature, les animaux, au cours d'une promenade en forêt où les contes pour enfants de sa mère lui reviennent en mémoire avec leurs forêts enchevêtrées, recelant mystères , périls et secrets ..
Le style est virtuose, de longues phrases descriptives , magnifiques , insaisissables , embrasées , qui exaltent avec précision la beauté de la nature sauvage , comme la violence indescriptible qui éclate au dernier tiers du livre.

Un texte âpre, violent , sombre, tragique , rageur ,magnétique , fort, sur le thème du passage du temps , la transmission , l'éternelle tragédie qui se noue entre les pères et les fils , la cellule familiale si fragile , l'emprise destructrice qui peut conduire au pire .

On ne peut que souligner avec force la virtuosité de l'auteur autant par le style flamboyant , les thèmes très forts et la magie subtile qui tire le lecteur vers le haut et force l'admiration .
Une réussite ! Bravo à l'auteur !
«  La forêt hostile et nue la veille encore , se pare de courbes vaporeuses , d'ombres pommelées qui la font paraître moins redoutable.
Propulsée aux branches des arbres , la sève fait éclore par myriades les bourgeons dont les écailles chutent , infimes , silencieuses, révèlent la chair glauque des feuilles qui se déploient et constellent les ramures d'un vert intense » …

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