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Critique de Fabinou7


Après la leçon d'anatomie de Rembrandt voici celle, urbaine et définitivement plus obscure que claire de Jean Baptiste del Amo.

Nuits d'errances dans une Havane qui jamais ne se nomme. le Cuba interlope transpire par tous les pores de ces fugitifs vagabondages : le sexe, la puanteur, l'absence de moralité, les rites superstitieux, la corruption des âmes et des corps.

Mais le style lui, n'a rien de cru ou de sale, à l'opposé d'un Pedro Juan Gutierrez dont l'insulaire « Trilogie Sale de la Havane » fait figure de référence, le style du jeune auteur français est un peu enflé, on a parfois l'impression d'un livre écrit avec le dictionnaire des synonymes sous le coude, et bien plus souvent encore, le dictionnaire Vidal de médecine pour le champ lexical. Comme si la langue ne devait descendre à aucun prix dans les bas fonds de la narration.

Mais ça marche. La plaie béante, purulente et pestilente de cette sanguinolente ville fantasmée fascine.

Cela sans doute car del Amo décide de bazarder sa narration, caviarder sa chronologie pour ne garder que les impressions, les ressentis du personnage. Ainsi le lecteur aussi s'égare, se raccroche étourdi aux murs des ruelles étroites, s'affale, hagard contre la digue du Malécon. Tout se brouille : les regards impavides des cavaleurs débraillés ; les mirages des touristes vampiriques du front de mer aux ombres zinzolines sur les façades des immeubles délabrés, le souvenir tangible d'un Cuba réaliste s'efface sous la puissance ténébreuse, malaisante, révoltante et sans espoir d'une ville sans le sou, livrée aux misères scandaleuses de la chair.

Sous les hospices de la plume suave et rauque de l'auteur, les pages moites et hallucinées enlisent les mains du lecteur dans les semences organiques et odorantes qui, l'espace d'un instant, par la grâce de l'éclat d'une lune poétique sur le Malécon, prennent une lueur “d'écailles de nacre”.

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