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Critique de mika07


« Sale Pute… » ces mots, encore et toujours ces mots. Ceux qui rabaissent et claquent souvent plus forts que les coups…
Ils résonnent dramatiquement dans cette histoire, celle d'une femme subissant la violence physique et psychologique de l'homme avec qui elle vit. Un anéantissement latent tellement banalisé par notre société qu'il finit dans la rubrique « faits divers » accompagné de ce décompte macabre, remis à zero chaque année (comme s'il fallait oublier les féminicides de l'année précédente), alors qu'il devrait nous faire hurler dès la première victime.
C'est l'histoire d'une violence sordide écrite avec des larmes de sang comme il en coule des yeux des femmes laissées à la merci des coups de leur tortionnaire.
L'histoire d'un silence coupable d'une société qui regarde ailleurs. Celle d'un échec, de notre incapacité à aider et protéger ces femmes (et quelques hommes également) qui vivent reclus dans la peur viscéral d'un regard, d'une parole ou d'un geste qui pourrait dégénérer. Celle de cette ritournelle hypocrite accompagnant chaque drame: « elle était tellement gentille et courageuse, si on avait su… » alors que les indices et les signes d'une situation dangereuse étaient sous les yeux de tous.
C'est l'histoire d'Inès, petite fille dont les yeux reflètent l'innocence et le coeur bat sous les câlins de sa maman, à la vie à jamais brisée.
Au travers de ce roman graphique, les auteurs délivrent une lecture tout simplement bouleversante mais plus qu'indispensable autour d'un féminicide, mettant en relief par des traits fins et l'utilisation de teintes sombres, la noirceur absolue de cet acte. Ce noir prend d'ailleurs toute sa place dans le dessin à mesure que le mal qui ronge cet homme malade se manifeste. le scénario est, malheureusement, simple, simple comme tendre une main à une personne en danger. le dénouement va, malheureusement encore, sonner comme une fatalité, une fatalité à l'image des coups qui pleuvent ou de ces yeux de l'entourage proche ou familier qui se ferment pour ne pas voir, ne pas (ré)agir.
J'ai tourné la dernière page glacé et avec ce sentiment de culpabilité qui devrait tous nous habiter devant ce décompte qui chaque jour égraine, encore et encore, ces âmes brisées.
A lire pour mettre la lumière sur la réalité, derrière le chiffre, des violences conjugales et lever ce tabou insupportable pour tendre la main ou offrir son regard à cette femme (ou cet homme) en danger mais que personne n'a le courage d'aider.
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