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Critique de Lucilou


J'ai refermé le premier tome du "Château des Animaux" consumée par l'envie de me faire un tartare au couteau et de servir de l'entrecôte à tous les convives que je projette d'inviter quand la vie sociale reprendra vraiment son cours (saleté de bœuf!), convaincue de vouloir adopter une oie et obsédée par l'idée de voir mon chat se réconcilier avec les rats.

J'avais aussi le ventre noué et le cœur battant à s'emballer: "Miss Bengalore" venait de me mettre par terre sans ménagement, de me vaincre par KO et de me jeter dans un état d'angoisse et de fébrilité que seuls les bons livres savent provoquer.
Allais-je souffrir autant avec "Les Marguerites de l'Hiver"? Est-ce qu'elles aussi me feraient mordre la poussière? Je suis remontée sur le ring partagée entre l'appréhension et l'espoir de sortir de ce tome 2 aussi sonnée que par le premier (masochisme littéraire quand tu nous tiens!).

Miss Bengalore soutenue par César (mon préféré!) et Azélar tente d'insuffler aux animaux le vent de la révolte. Pas question de faire preuve de force et de violence: à ce jeu-là, personne ne peut vaincre Silvio et sa milice. En revanche, avec raison et intelligence, il y a peut-être une partition à jouer. La révolution se fera dans le respect des lois, aussi iniques soient-elles, dans le calme mais avec provocation et détermination. Miner le pouvoir de l'intérieur, le faire vaciller insidieusement… Les animaux, galvanisés et rendus à l'espoir, se jettent à corps perdus dans le combat, mais c'est l'hiver, il fait froid et ils meurent presque de faim… Jusqu'à quand et comment tiendront-ils?

Ils n'en réchapperont pas tous.
Si la révolution exige des sacrifices, jusqu'à quel point peut-on accepter de voir les siens mourir? Pour une idée. Pour un rêve. Pour l'idée d'un avenir meilleur.
Ils n'en réchapperont pas tous et pendant ce temps Silvio, les chiens et les cochons se goinfrent bien au chaud.

"Les Marguerites de l'Hiver" est encore plus sombre, encore plus noir et pessimiste que "Miss Bengalore". Encore plus dur, plus violent. Il est aussi puissamment prenant, addictif: impossible de le lâcher avant de l'avoir terminé.
Les dessins sont toujours splendides, les personnages toujours plus complexes et attachants, approfondis même. Quant à l'intrigue, elle monte en tension, un peu comme les dialogues qui gagnent en nervosité, alors même que tout semble ralentir en même temps que vient l'hiver. Elle s'achève de manière paroxystique, nous laissant hébété et sous le choc, dévorés par le désir de lire la suite quand elle paraîtra. Pourvu que...

"Les Marguerites de l'Hiver" tiennent leurs promesses et offrent à "Miss Bengalore" une suite flamboyante. Son intensité ne masque pas l'intelligence de son propos qui nous pousse encore et toujours à interroger notre rapport au pouvoir -dans quelque pays qu'il soit- dont elle dénonce les abus.
Bien sûr, c'est sombre, étouffant, affligeant et déprimant, mais si seulement cela nous donnait envie un peu plus souvent à nous aussi de faire pousser des marguerites, le monde ne s'en porterait que mieux.

2-0 pour "Le Château des Animaux".
Vivement le troisième round.
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