AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Diabolau


Un petit joyau noir méconnu et qui mériterait de l'être moins.
Un thème original, d'abord : la descente aux enfers d'un teuffeur, adepte des free parties (mieux connues du grand public sous le nom de rave parties) au début des années 2000.
Une construction originale ensuite, antéchronologique. N'allez pas croire que ça enlève du suspense. On ne découvre plus qu'un tel est mort ou handicapé. On le sait, mais on attend d'apprendre comment c'est arrivé.
Toute la partie centrale est excellente, la description des délires psychédéliques sous ecsta, speed, beuh (j'en ai appris des choses !) est communicative. On comprend, on partage même l'idée que ça peut être cool de se défoncer la gueule pour oublier toute cette merde.
C'est ce dernier point qui peut quelque peu décontenancer : on peut éprouver à certains moments une vague impression de rabâchage, de surenchère du pire, de la déprime, du toujours plus bas et de l'autodestruction, qui peut aussi être un peu désespérante pour le lecteur. Un texte clivant, donc, mais qui ne devrait pas laisser grand monde indifférent.
La dernière partie, sur l'enfance et l'adolescence, montre les racines de ce mal-être profond. Au-delà des deuils et des traumatismes, c'est la différence qui est à l'oeuvre. Hypersensibilité, on peut l'appeler comme on veut, pourquoi devrait-on mettre des noms sur tout ?
Un gamin qui n'est pas né avec les armes pour se prendre ce monde-là de plein fouet. Un gamin différent et que le système (les potes, l'école, les parents, les psys...) ne veut pas prendre en compte dans sa différence, donc il essaie de le mettre de force dans le moule, et comme ça ne passe pas, il le broie.
Le mot bienveillance est à la mode aujourd'hui, en 2021. C'est très récent, en vérité... moins de dix ans que ceux qui comme moi travaillent dans l'éducation l'ont vraiment vu émerger en tant que valeur refuge. Comme toutes les modes, il est sur-utilisé au point d'être dévoyé, et raillé parfois à juste titre. Mais avant de se moquer de la bienveillance, il faut quand même se souvenir des dégâts que fait l'indifférence, et ce brûlot viscéral, poisseux et cradingue, mais paradoxalement rempli de poésie, l'illustre de façon magistrale.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}