AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de frandj


frandj
11 décembre 2019
C'est un lieu commun de dire et répéter que notre époque est marquée par une déchristianisation massive, par opposition à un passé déjà lointain où les sanctuaires étaient pleins. Certains traditionnalistes se lamentent sur cette décadence, qu'ils attribuent souvent aux "dérives" de l'Eglise dans le monde moderne. Moi, j'ai toujours été sceptique à ce sujet. Je pense que la société française était, autrefois, prisonnière d'un carcan de conformisme et de contrainte morale qui pouvait faire illusion, mais qui ne garantissait pas du tout une vraie adhésion des individus à la religion chrétienne (et notamment catholique).
Dans cet essai fort ancien (1977), Jean Delumeau présente un argumentaire qui illustre bien ma thèse. Il résume ainsi sa pensée: « Je dirais que le Dieu des chrétiens était autrefois beaucoup moins vivant qu'on ne l'a cru et qu'il est beaucoup moins mort qu'on ne le dit » (p. 149).
L'auteur souligne que les autorités religieuses ont longtemps exercé une emprise presque totalitaire sur la société européenne et sur les peuplades colonisées par les Européens; et toute opposition ouverte était combattue sans faiblesse. Mais, en fait, cette intransigeance ne contribuait pas du tout à la sincérité de la foi et à la pureté des moeurs des fidèles. Inversement, la masse des "faux chrétiens" a presque disparu aujourd'hui. Ceux qui sont restés dans l'Eglise sont majoritairement plus sincères et plus fervents qu'autrefois; ils sont plus conscients de l'importance et des risques de leur engagement personnel. Cela ne veut pas dire qu'ils s'accordent tous sur l'esprit de leur religion; mais ces différences sont justement l'illustration de leur liberté.
Depuis 1977, les causes d'espoir et d'inquiétude n'ont pas changé chez les (vrais) chrétiens. Les sujets abordés par Jean Delumeau restent pertinents encore aujourd'hui. Mais il faut reconnaitre que la plupart des Français se fichent complètement de cette problématique...

Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}