AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sebthoja


« Comme une bête »

D'abord, il y a le bruit. Celui de la chaîne de production. Les « clacs » qui claquent au mouvement des bovins dans leur danse macabre sur les rails qui les transportent le long des différentes étapes de leur transformation.
Et puis, il y a la chair. Que l'on transperce, que l'on coupe, que l'on incise au moyen des lames que tiennent les ouvriers.
Enfin, il y le sang. Qui coule. Partout. Sur tout.

C'est un rythme. C'est celui de la machine. Celui qui transforme les bêtes en viande prête à consommer.
Suivre la cadence, qui augmente sans cesse pour plus de productivité, plus de profit. Une cadence qui augmente sur la décision de quelques hommes, « les patrons ». Ceux qui ont le pouvoir. Ceux qui ont les moyens de choisir. Une cadence que l'on fait subir aux hommes qui produisent, « les ouvriers ». Ceux qui n'ont pas le pouvoir et pas les moyens de choisir. Toujours plus. Peu importe les conséquences.
C'est un rythme qui transforme les corps en viande.

Le bruit. La chair. le sang. La mort au bout du couteau. Pour les bêtes. Pour les hommes ?

Timothée Demeillers, dans son deuxième roman, « Jusqu'à la bête », découpe la vie d'Erwan, jeune employé d'un abattoir près d'Angers pour nous plonger dans les tréfonds de son âme et de sa condition d'ouvrier, en France, aujourd'hui.
Son écriture est comme une lame. Elle incise sans pitié, ni pathos. À travers une atmosphère, que j'ai tenté simplement de restituer dans cette chronique, elle montre une condition humaine que l'on voudrait ne pas connaître.
Car plus des bêtes, il s'agit des hommes dans ce livre. de leur condition sociale. Et de leur transformation au rythme de l'usine, au rythme des « clacs » de la machine qui tombent comme des couperets.
« Jusqu'à la bête » ?

Lu en octobre 2017.

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires
Lien : https://www.fnac.com/Jusqu-a..
Commenter  J’apprécie          444



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}