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Critique de JabyOby


Avant toute chose, je dois dire que je comprends que l'on puisse aimer ce livre. Il y a de la magie, de l'aventure, des personnages qui n'ont pas froid aux yeux...
Mais plusieurs éléments ont sévèrement entaché mon plaisir de lecture malgré mes efforts pour les ignorer le plus possible. D'autres avis que le mien vous parleront en détails de ses qualités, et je vous encourage à les lire. de mon côté, je vais tâcher de comprendre pour quelles raisons la magie n'a pas opéré lors de cette lecture.

Il y a tout d'abord un problème de style, qui cumule de nombreuses erreurs et maladresses, dont certaines probablement imputables à la traduction : concordance des temps, prénoms inversés, mots mal utilisés, phrases étrangement alambiquées, très nombreuses répétitions. Je n'ai pas besoin que le style soit élevé pour apprécier un livre, mais régulièrement tiquer sur des mots ne m'a pas aidée à entrer dans l'histoire.

Ensuite, l'intrigue amène assez mal ses péripéties. Dès qu'il se passe quelque chose, on nous explique en narration et plusieurs fois quelle conséquence cela aura sur l'histoire. Tout part d'un manque de confiance de l'auteure envers son public pour comprendre le récit. Et malheureusement, c'est sans doute à raison car les liens de cause à effet reposent très souvent sur une logique défaillante. J'ai relevé ici quelques exemples révélateurs de ce problème :

Chacun de ces détails est minime pris séparément, c'est vrai. Mais à force, cela devient usant lorsque les péripéties s'enchaînent et que les personnages devinent des choses qu'ils ne pourraient pas en toute logique. Cela m'a semblé n'être que des mystifications faisant office de bout de scotch entre deux scènes d'action.
Comment croire à un univers et ses enjeux si tout paraît bancal ? Si on ne se pose pas trop de questions, on peut suivre l'histoire et s'en tenir à ce qui nous est dit. Mais la fantasy ambitionne selon moi de faire rêver et s'évader, alors je trouve dommage de devoir rester cloîtré uniquement dans ce que montre le livre, sous peine de vite apercevoir le carton pâte des décors dès que l'on s'éloigne un peu trop. C'est le ressenti que j'en ai eu.

Autre souci rencontré : les quatre personnages dont on a le point de vue m'ont semblé très immatures pour leur âge. Cela s'accompagne d'une vision assez superficielle de la psychologie humaine et de la politique. Les personnages secondaires quant à eux manquent cruellement de caractérisation. À de nombreuses reprises, on m'évoquait un personnage, et même à la dixième fois je ne savais toujours pas qui il était, notamment concernant Habim, Mathew ou Maître de guilde Alix. Je note que, fait rare, les personnages féminins sont dans l'ensemble mieux caractérisés que ceux masculins.

Je me suis tout de même surprise à m'attacher à Safi, j'ai trouvé son évolution à la fin assez brusque mais tout de même intéressante. Et j'ai une petite préférence pour Iseult, qui pourrait être beaucoup plus développée, sans doute est-ce prévu dans les suites.

Par contre, j'ai trouvé la romance juste gênante à cause de la manière dont elle est traitée. Suggérer que l'amour et la haine sont des sentiments proches me met aussi très mal à l'aise. Je sais qu'il s'agit d'un trope très commun dans la catégorie marketée « Young Adult », mais cela n'enlève rien à la gêne ressentie.

Au cours de ma lecture, j'en suis arrivée à prendre en note ce qui ne fonctionnait pas sur moi dans la construction de l'univers, afin d'en retirer des conseils d'écriture en fantasy. Il s'agit d'un livre édité qui a fait ses preuves et trouvé un lectorat qui l'apprécie ; avec mes quelques écrits inachevés, je ne suis évidemment personne pour donner légitimement de tels conseils. Quoi qu'il en soit, voici ces remarques à prendre comme points de réflexion :

1/ Lorsqu'on évoque des légendes, il faut justifier pourquoi les personnages se mettent à y croire. le narrateur alterne entre « certaines théories », « les savants soutiennent que », « la légende raconte », puis cela devient sans explication des faits avérés pour les personnages. Tout le monde ne croit pas en la même chose, ne serait-ce que parce que tout le monde ne connaît pas les mêmes légendes. Il est donc nécessaire de focaliser la narration sur un point de vue à la fois. Ici on passe en narration omnisciente dès que l'auteure veut apporter des informations générales sur l'univers, ce qui m'a semblé une manière maladroite de le faire.

2/ On croit davantage à un monde si on ne se concentre pas uniquement sur des individus mais si on comprend l'organisation de la société à travers eux. Là, j'ai trouvé qu'on restait beaucoup trop centré sur quelques personnages, et le reste du monde m'a semblé beaucoup trop flou pour comprendre les enjeux politiques.

3/ Bien définir les possibilités et limites des pouvoirs magiques. Par exemple, Safi est censée savoir si on lui ment, mais toutes les fois où on la voit utiliser son don à un moment crucial, elle se fait facilement duper. Par contre, elle est capable de déceler le pouvoir de quelqu'un car il serait « trop cruel pour être honnête ». Ces ficelles d'intrigue bien trop apparentes m'ont plusieurs fois sortie de l'histoire.

5/ Établir des enjeux forts. Les deux héroïnes tentent au départ d'amasser de l'argent pour pouvoir habiter ensemble, et très vite leur objectif devient de fuir. le Bloodwitch est présenté comme la principale menace dès la page 10, mais impossible de savoir s'il est vraiment dangereux ou non, car les informations que l'on a sur ses pouvoirs sont floues et soit disant légendaires. On apprend plus tard que l'arme secrète du Bloodwitch est de contrôler… . Il m'a été difficile de m'inquiéter de ce qui pourrait arriver à Safi et Iseult alors je n'avais qu'une idée vague des dangers qu'elles encouraient.

6/ Donner les informations sur l'univers lorsque c'est pertinent. le mieux est de faire naître une question chez le lecteur puis y apporter une réponse satisfaisante et subtilement amenée dans le récit. Ici, il y avait bien trop d'exposition à des moments où cela ne s'y prêtait pas. En pleine action, on nous raconte le passé d'un personnage ou le fonctionnement de la magie. Un exemple flagrant de cela est la scène où Iseult lit passionnément un livre alors qu'elle doit passer un poste de contrôle en tant que fugitive recherchée. le focus devrait être mis sur cette tension présente, pas sur des événements historiques lointains.



Pour conclure, même si je n'ai pas trop apprécié ce moment de lecture, je dois reconnaître que j'ai quand même lu avec intérêt quelques scènes lorsque j'arrivais à me détacher de tous les problèmes que j'y voyais. Certains passages étaient même divertissants à la manière d'un bon nanar.

Même si mon avis peut sembler dur, je n'ai aucun problème à ce que d'autres aient apprécié ce livre. Tant mieux pour eux, chacun ses goûts !

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