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Critique de Aldia


Aldia
19 novembre 2023
« le XIXe siècle américain, de la déportation des Autochtones à la guerre civile » est un fascinant petit ouvrage, reçu lors de l'édition québécoise de Masse critique (merci Babelio!). Si je dis fascinant, c'est que j'ai beaucoup appris de ce livre, alors que je pensais, comme beaucoup de gens, connaitre relativement bien l'histoire des États-Unis, surtout l'histoire du 19e siècle, si représentée dans la culture populaire. Or, il s'avère que non. le 19e siècle américain est passionnant et toujours pertinent pour comprendre la société américaine et ses clivages fondamentaux, que ce soit sur le plan du racisme, du populisme ou de la division entre les États républicains et démocrates. Ce petit livre va vous le prouver.
Je me permets un résumé d'une ou deux phrases pour chaque chapitre, pour expliquer clairement l'intérêt de chacun d'eux.
L'introduction pose clairement la principale base de l'analyse de l'autrice : le 19e siècle est important pour comprendre le 21e siècle américain, y compris (et surtout) des phénomènes comme l'élection de Trump ou Black Lives Matter. le chapitre sur Andrew Jackson le présente comme tel, un président populiste qui prétendait travailler pour le petit peuple, mais aidait plutôt les riches planteurs du Sud, et qui a contribué à créer la polarisation entre deux grands partis. C'est probablement un des chapitres qui est le plus en lien avec la situation actuelle. le chapitre sur la Piste des Larmes donne la voix aux peuples autochtones de l'Est déplacés vers l'Ouest, moment peu connu de l'Histoire américaine. Les trois chapitres suivants portent sur différents groupes et figures qui se sont battus contre l'esclavage et qui sont aujourd'hui peu reconnus. On y voit le clivage entre le Nord et le Sud, ce qui mènera à la guerre de Sécession, qui est abordé dans le chapitre suivant. Ce chapitre explique la complexité du jeu politique de la guerre de Sécession (le Sud a par exemple essayé de se faire reconnaitre par les puissances européennes pour être ainsi protégé par la communauté internationale naissante!) et donne des pistes pour comprendre le clivage entre les États du Nord et du Sud, ce qui, selon l'autrice, est fondamentalement lié à l'esclavage, point central souvent mis de côté dans l'analyse des États-Unis, alors qu'il semble être la base de différents conflits causant, encore aujourd'hui, la division des Américains. Par la suite, le chapitre sur Lincoln présente le personnage de manière nuancée, non pas comme un abolitionniste convaincu, mais plutôt comme un modéré qui adoptera des politiques plus « radicales » vers la fin de sa vie. L'image de Lincoln devient grise et nuancée, ce qui le rend encore plus intéressant à mon avis. Finalement, le chapitre sur la reconstruction aborde les tentatives, finalement abandonnées, de changer radicalement la mentalité du Sud. le Nord a fini par abandonner le combat, et a laissé le Sud faire disparaitre presque toutes les avancées que les Noirs américains avaient obtenus. Cet abandon semble la cause du racisme toujours fort présent aux États-Unis, surtout au Sud, car les Afro-américains n'ont obtenu les postes de pouvoir que tardivement, là où le projet de reconstruction, s'il avait été fait, l'aurait accompli bien plus tôt. Ce chapitre m'a marqué ; jamais je n'avais entendu parler de cet échec.
C'est un excellent ouvrage que je recommande pour la compréhension des États-Unis. Je conclurais en disant qu'il s'adresse à tous les francophones (et pas juste aux gens du Québec).
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