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Critique de gill


gill
17 septembre 2015
"La colonne" est un vieux roman précieux, assez rare et puissant. Paru en 1901, il irradie de la personnalité de Lucien Descaves, son auteur et de sa proximité historique avec son décor.
L'affaire fait grand bruit, en avril 1871, la Commune de Paris, la considérant comme un monument de barbarie, comme un symbole de fausse gloire et de force brute, veut jeter à bas la colonne Vendôme.
Les pensionnaires de l'hôtel des Invalides ont juré de ne pas laisser s'accomplir cette profanation.
Lorsque Lucien Descaves pousse la porte de l'hospice militaire, il semble s'exhaler de ses mots comme une odeur de cellule, d'urine, de vieillesse, d'indigence et d'ennui.
L'évocation est impitoyable et la description efficace.
L'ambiance est sordide.
Le sergent Philibert Lacouture et le caporal Thimothée Prophète, qui disent s'être sauvés mutuellement la vie durant l'expédition de la Dabrutscha, mènent la révolte contre ce projet de la Commune.
Tous les soirs, deux hommes volontaires seront désignés pour surveiller la place Vendôme.
Le propos de Lucien Descaves n'est pas d'écrire un livre historique racontant l'agonie de la Commune mais bien d'en saisir le plus profond de son âme.
Après avoir poussé la porte des Invalides, l'auteur pénètre, au coeur de Paris insurgé, dans le quartier de Belleville en pleine effervescence et nous présente les autres personnages du drame.
Le plus réussi, le plus emblématique est certainement Jacques Rabouille.
C'est le "rouge", le "démoc-soc", un solide ouvrier mécanicien.
Il est l'ennemi de Prophète pour lequel il ressent une profonde antipathie réciproque.
L'événement symbolique, qui sert de cadre à ce récit un peu lent, n'a, dans celui-ci, en définitive que peu d'importance.
L'ouvrage, pourtant assez triste, est finalement un cri d'espoir.
Lucien Descaves règle définitivement son compte à l'Empire et à la légende napoléonienne.
Il condamne Thiers et les tenants de l'ordre.
Afin de mieux entrer dans l'intimité de la Commune, que l'on sait déjà perdue, il mêle, au fil des pages, à ses grandes aspirations, les petites préoccupations du peuple de Belleville.
L'écriture est élégante, raffinée mais le propos a du corps et de la force.
Il est engagé, libertaire et sincère.
"La colonne" est de la pure littérature.
C'est un des ouvrages dont on peut dire, encore aujourd'hui, qu'ils sont essentiels ...

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