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Critique de Fandol


En attendant le troisième opus de l'histoire de Vernon Subutex, Virginie Despentes repart sur les traces de l'ancien disquaire devenu SDF. Si Vernon nous fait penser au pseudo utilisé par Boris Vian (Vernon Sullivan), Subutex n'est autre que le nom commercial d'une substance utilisée pour soigner la dépendance à l'héroïne. Dans le contexte de cette histoire, ce nom choisi par l'auteure ne manque pas de piquant…
« Il n'est habité que par la sensation de vide absolu… Il part en vrille… » Vernon ne va pas bien du tout mais, sur la butte Bergeyre, face au Sacré-Coeur, il se fait des amis comme un chef de chantier ou Charles, et Jeanine qui lui donne à manger. Tout près de là, dans le parc des Buttes-Chaumont, ce même Charles n'apprécie pas les sportifs qui « saccagent l'ambiance » alors que Laurent et Émilie cherchent Vernon comme Xavier, Patrice, Pamela, Lydia… Virginie Despentes a eu la bonne idée d'ajouter un index des personnages en début de volume. C'est bien utile pour se les remettre en mémoire.
Toujours avec le même style très percutant et forcément branché, l'auteure poursuit son tableau de notre société de ce début de XXIe siècle. Les sportifs en ont déjà pris pour leur grade mais personne n'est épargné : « Personne n'aime les vieux, pas même leurs propres enfants. » Charles ayant gagné au Loto et se contentant de vivre un peu mieux sans rien dire à Véro, sa compagne : « La Véro, c'est de la vieille godasse, il l'enfile et il est bien dedans. Il n'y a pas de hasard, vingt ans d'affilée avec la même greluche, si moche et si chiante soit-elle, c'est qu'on lui trouve quelque chose. »
Entrent donc en scène tous les anciens amis de Vernon. C'est l'occasion de parler politique avec Patrice, le dernier à avoir hébergé l'ex-disquaire : « Mélenchon est meilleur que Marine, sur tous les plans. Son seul problème, c'est qu'il n'est pas raciste. » Un peu plus loin : « Les bonshommes, ils doivent supporter tout ce qu'on leur impose sans jamais la ramener avec leur sensibilité… La masculinité, c'est « bande et raque » sans alternative. » Cela n'empêche pas, plus loin, une réflexion de Gaëlle : « Si les mecs avaient leurs règles, l'industrie aurait inventé depuis longtemps une façon de se protéger hig-tech…. »
Intervient La Hyène qui suit la bande à Subutex sur les réseaux sociaux et aime beaucoup Anaïs. Enfin, nous pouvons découvrir la fameuse confession d'Alex Bleach, le rocker mort d'overdose, sur ces cassettes qui inquiètent tant le producteur Dopalet : « J'ai eu du succès. Et j'ai appris que j'étais noir... » Puis la drogue s'impose : « Je n'écrivais plus de chanson. Ça n'était pas un problème : les anciennes devenaient des pubs et des sonneries pour portable. On gagne très bien sa vie comme ça. »
Peu à peu, la lumière se fait sur la descente vers la mort de Vodka Satana, star du X. Sélim se débat avec sa fille, Aïcha : « la prière, le voile et les sourates brandies à tout bout de champ… mais ça lui avait, tout de même, particulièrement déchiré le coeur de la voir se tourner vers une religion qu'il connaissait, et dont il avait passé sa vie à s'affranchir. »
Pendant que s'organise la vengeance contre Dopalet, le groupe se consolide grâce au Rosa Bonheur, un bar très accueillant où Vernon enchante grâce à ses talents de DJ et il n'a pas son pareil pour faire danser…

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