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Critique de Michel69004


Absolument atypique, ce livre, incroyablement peu commenté (sur Babélio et ailleurs), m'a énormément plu.
L'auteur,Lionel Destremau, qui a eu plusieurs vies professionnelles autour de l'édition, dit qu'il l'a exhumé et que c'était le bon moment pour le publier.
C'est effectivement juste le moment parfait, l'action pouvant se dérouler au Donbass par exemple.
Mais on ne sait ni où ni quand se situe l'action !!!! Et là j'ai adoré ce mélange virtuose qui au final nous entraine dans un pays fictif et à une époque indéterminée . Mais nous ne sommes pas dans une dystopie, ni même une uchronie : Siriem Plant, un policier vaguement déclassé ,doit retrouver impérativement l'identité réelle d'un ex-soldat comateux répondant au doux nom de Carlus Turnay.
L'époque évoque assez clairement la première guerre mondiale et les personnages sont proustiens en diable, mais on y utilise...des ordinateurs.
le pays est un alliage subtil de différentes contrées européennes, plutôt austro-hongroises.
Nous sommes dans les décombres d'une guerre horriblement absurde et sanguinaire et c'est ce qui lie l'ensemble , dans une atmosphère à la Tardy qui aurait relu Céline en regardant un film de Caro et Jeunet.
Bien sur nous allons découvrir qui est ce fameux Carlus Turnay mais façon puzzle . le fil conducteur c'est l'enquête persévérante, voir obstinée de Siriem Plant genre Tintin en Syldavie.
Nous allons beaucoup voyagé, rencontré des figures picaresques, étranges et familières . Nous aurons souvent affaires à des femmes qui , comme dans les tragédies antiques, forment un choeur bouleversant.
Les morts vont nous raconter comment ils ont péri dans de courts chapitres se terminant par : ".....et c'est comme ça que je suis mort"
Par touches successives nous allons éclairer le destin de Carlus.
Il s'agit bien d'une tragédie moderne où la réflexion profonde s'articule autour de la question du sens et de la possibilité du suicide.
J'ai beaucoup aimé l'écriture , toujours fluide et souvent subtile, rendant compte des interrogations existentielles de chacun des principaux protagonistes tout en maitrisant parfaitement le faisceau narratif: bref,on ne s'emmêle jamais les pinceaux et c'est absolument passionnant .
Gueules d'ombre est un titre magnifique qui dit l'essentiel : comment définir nos identités meurtries en temps de crise, ou plutôt comment les retrouver,les recombiner, les supporter......
J'espère que l'auteur nous réserve de futures surprises, une suite peut-être ?



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