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Critique de Sofiert


Par un curieux hasard, j'avais lu précédemment "Le soldat désaccordé" de Gilles Marchand qui raconte l'histoire d'un ancien soldat qui consacre sa vie à enquêter sur les soldats disparus pendant la Grande Guerre.
Le point de départ de ce roman est donc quasi identique de même que le point d'arrivée qui pourrait être la dénonciation d'une guerre, de toutes les guerres.
Les ressemblances s'interrompent là où le talent est précisément de nous embarquer dans une intrigue différente selon l'imagination de son auteur. Elles s'interrompent également dans le choix chez l'un d'un moment historique précis, chez l'autre d'une visée plus universelle.

Le roman de Lionel Destremeau témoigne d'une ambition plus grande et d'une plume plus littéraire. Dès lors qu'il a choisi de ne pas s' encombrer de ce réalisme historique qui l'aurait contraint à des digressions politiques ou géographiques, il rêve d'un grand roman dont la construction et les personnages importeraient plus que le décor. Un roman dont le style serait suffisamment puissant pour embarquer le lecteur dans un questionnement qui soit moins anecdotique qu'une oeuvre de fiction ordinaire.
C'est ce genre de roman capable de m'enthousiasmer et que l'on retrouve peu dans la littérature contemporaine française. Il faut du souffle et bien du talent pour construire une fiction parfaitement huilée, avec des personnages suffisamment convaincants et intéressants pour que le regard que porte l'auteur sur la société puisse être entendu.

Pour rendre ses personnages intéressants, l'auteur utilise une technique dont beaucoup déjà se sont emparés mais qui n'a pas encore atteint les limites de son potentiel, celle de faire parler les morts.
Il donne la parole à la première personne du singulier aux compagnons morts de Carlus Turnay, et ces chapitres qui se terminent inexorablement par cette phrase : "et c'est comme ça que je suis mort", sont d'une intensité bouleversante.
Ces témoignages, qui alternent avec l'enquête de Siriem Plant, ont plusieurs fonctions essentielles: ils font avancer la narration, ils délivrent une forte charge émotionnelle et ils diffusent sans la moindre ambiguïté le message pacifiste de l'auteur.
L'ensemble est joliment ficelé et témoigne d'un talent prometteur.
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