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Critique de domi_troizarsouilles


Voici un livre qui n'est pas d'un abord facile. Il faut le premier quart du livre pour une lente mise en place, avant que l'ensemble commence à faire (un peu) sens. Et c'est même pire : si je n'avais pas d'abord lu le synopsis, je n'aurais rien compris ! Ce n'est pas que ce synopsis dévoile l'intrigue outre mesure, mais les choses sont présentées d'une manière fort décousue : les divers petits événements semblent n'avoir aucun lien les uns avec les autres, les personnages parlent de notions dont le lecteur n'a aucune idée - amusez-vous avec les chasseresses, finalement assez identifiables, ou les nornes, quant aux semeuses je cherche encore qui elles sont vraiment... Certes, on comprend assez vite qu'on est dans un certain futur, pas tellement lointain, mais assez pour que le réchauffement climatique ait eu fini de faire son oeuvre : la terre est devenue désertique, l'eau est une denrée rare (en tout cas il n'y a plus de rivières, plus de pluie), les abeilles ont disparu. Avec elles, la biodiversité également a disparu, les arbres sont rarissimes et rabougris. Dans cet univers qui a un petit côté apocalyptique, plusieurs destins s'entrecroisent, entre histoires d'amour ou d'amitié, de secrets, de trahisons, de limites longtemps floues entre bons et méchants… tandis que le sentiment de ne pas avoir toutes les cartes en mains pour une bonne compréhension de l'intrigue est persistant.

De plus, on ne sait jamais précisément où on est ! On est bien sur Terre, l'autrice n'a clairement pas placé son histoire dans une quelconque autre galaxie, mais dans ce monde sans eau, toute notion de désert « traditionnel » pourrait être n'importe où sur la planète. Or, pour moi, c'est très frustrant, car par ailleurs l'autrice sème quand même un certain nombre d'indices sur des lieux possibles qui auraient traversé le temps… si bien que je n'ai cessé de me creuser la tête à essayer de savoir dans quelle ville de notre monde on a les différents éléments évoqués.

Par ailleurs, l'autrice évoque des sujets forts, comme par exemple les conséquences du réchauffement climatique quand il est devenu irréversible ; ou la dénonciation de la domination d'un genre par un autre, pris ici complètement à l'envers comme pour mieux l'accentuer (ce sont les hommes qui travaillent dans les maisons closes, ce sont les hommes qui craignent de se retrouver seuls le soir dans certains quartiers, etc.), mais tout cela manque singulièrement de profondeur – peut-être, à nouveau, à cause de cet aspect généralement décousu de l'écriture ? En tout cas, pour ne citer qu'un exemple, j'aurais envie de voir les protagonistes rêver de prendre une douche… mais à aucun moment tout ce sable ne m'a semblé insupportable!

Ainsi donc, ce mélange de notions d'un futur désolé auxquelles le lecteur n'accède que lentement et partiellement, cette géolocalisation impossible et frustrante, et le fait que le lecteur (moi en tout cas) ne parvienne pas à vraiment ressentir les choses, tout cela crée une certaine confusion qui ne s'en va jamais tout à fait… Si on ajoute à ça que, lors de leurs "voyages", les jeunes héroïnes se retrouvent dans des contextes historique ou plus actuel précis et brûlants, mais qui sont tout juste effleurés alors qu'ils mériteraient un réel appronfondissement, on a l'impression d'une surenchère de digressions et on se perd vraiment de plus en plus. Oh ! rassurez-vous : à partir des 80% de la lecture, on a tout à coup une flopée de révélations diverses et variées, qui donnent sens (ou pas) à ce qu'on avait deviné – un peu comme dans certains mauvais policiers, où tout est résolu à la fin, sans que l'auteur ait jamais donné le moindre indice tout au long de la lecture…

Et pourtant… on continue de tourner les pages ! car l'écriture est très agréable, avec un petit côté presque poétique parfois, et on a envie de savoir, quoi qu'il en coûte, ce qu'il va advenir des personnages ! Eh oui : on passe outre le fait que le contexte manque de clarté et/ou de profondeur, car les personnages sont quant à eux plutôt bien travaillés, et on s'attache réellement à eux : Rim et Alex ont bien sûr ma préférence, mais Ulysse et Antho sont également très touchants ! Leur évolution est suivie avec un intérêt grandissant. C'est même plus fort encore : on s'attache aussi à quelques-uns des méchants, car ils interpellent d'une façon ou d'une autre ; jusqu'au bout en tout cas, on rêve d'un destin heureux pour Olympe… et même Magda a réussi à m'émouvoir par moments !

Au final, c'est un peu comme si toute cette histoire était une immense énigme, que le lecteur doit résoudre alors qu'il lui manque la majorité des clés pour y parvenir. Quand tout à coup l'intrigue se dénoue, après quelques péripéties certes mais de façon quand même très abrupte, on est déjà trop loin dans le livre pour s'en réjouir vraiment, et ce sentiment d'avoir lu un ouvrage décousu s'accentue peut-être encore davantage ! Il ne reste plus qu'à tout relire, avec ce nouvel éclairage, qui aurait dû venir (ne serait-ce que par bribes) beaucoup plus tôt dans l'intrigue – malheureusement je n'en ai plus vraiment envie, malgré toute la sympathie que les personnages ont pu susciter, et de toute façon j'ai bien trop d'autres lectures prévues prochainement… Ainsi, la note est mitigée, alors que le talent de l'autrice est clairement là, mais trop caché à force de vouloir faire des effets qui gâchent la cohérence de l'ensemble.
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