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Critique de Ingannmic


Où l'on retrouve Yunior, narrateur de "Los Boys", qui cette fois ne parle pas de lui, mais -comme vous l'aurez deviné- d'Oscar, vaste sujet dans tous les sens du terme...

La vie d'Oscar est un drame... le séducteur des bacs à sable qu'en digne représentant du mâle dominicain il était petit garçon, a rapidement fait place à un adolescent obèse, solitaire et passionné de science fiction.
Oscar n'a qu'une ambition : devenir le nouveau Tolkien. Et Oscar n'a qu'une grande angoisse, celle de mourir puceau. Et il va falloir qu'il se dépêche, car si prétendre que la vie d'Oscar a été merveilleuse est une antiphrase, dire qu'elle a été brève est en revanche la triste vérité !

Raconter l'existence d'Oscar, c'est énumérer une succession d'échecs, de déceptions et d'humiliations.

La faute au "fukú" ?

C'est en tout cas ce que semble suggérer le narrateur. le héros serait selon lui victime de cette malédiction typiquement dominicaine qui se transmettrait dans la famille depuis qu'Abélard, l'aïeul maternel, aurait osé manquer de respect au "Jefe", le dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina, qui instaura durant plus de trente ans le règne de la terreur en République Dominicaine. Et pour étayer cette hypothèse, le récit remonte le temps pour nous livrer la pathétique et douloureuse histoire de la mère d'Oscar -la belle Beli au caractère bien trempé-, ainsi que celle de ses grands-parents, qui perdirent fortune et considération suite au fameux affront évoqué plus haut. Viol et violence, prison et tortures, maltraitance... il semble effectivement que cette famille soit maudite ! Mais rares sont ceux qui, sous Trujillo, n'eurent pas eu à subir malheurs et vexations...

Seulement il semble bien que cette malédiction ait suivi Beli lors de son immigration aux États-Unis pour s'abattre sans pitié sur son fils chéri !

Junot Díaz dépeint un monde (le nôtre) dur et injuste, dans lequel la faiblesse et la différence sont des handicaps insurmontables. Un monde où le plus fort, qui est aussi en général le plus cruel, gagne à tous les coups, et dans lequel les destins individuels sont ballottés, voire anéantis, par les impitoyables flots de la grande Histoire. Et il parvient pourtant à nous faire rire, malgré le lot de souffrances qu'il dépeint et malgré ce sentiment de malheur omniprésent qu'il nous fait éprouver. Et s'il nous fait rire, c'est en partie grâce à son style, flamboyant, entremêlé d'argot, d'espagnol et d'anglais (français pour la traduction), dont il émane une incontestable poésie aux accents populaires, qui donne au récit un dynamisme et une force d'évocation hors du commun. L'autre source de la réjouissance que procure la lecture de ce roman est le talent avec lequel Junot Díaz manie l'ironie. Avec un infatigable mordant, il parvient à insuffler à son sujet pourtant tragique une atmosphère d'épopée comique.

"La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao" est à ce jour l'unique roman écrit par cet auteur...

A quand la suite !?
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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