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Critique de Meps


Meps
15 novembre 2022
Moi, les livres et les transports en commun, volume 4 (je crois que je m'étais un peu chauffé la dernière fois, je pense vraiment n'avoir fait que 3 épisodes avant). Comme souvent dans le tram je lis, et ce soir là, même debout je lis. Accroché à la barre centrale, je suis plongé dans le livre dont il est question. Une amie , actrice de ma troupe de théâtre, me repère de loin et s'approche, hésite à me sortir de mon univers littéraire mais finit par me saluer doucement... et forcément me demande ce que je lis, parce que les gens se demandent toujours ce qui nous sort aussi parfaitement du monde qui nous entoure. Et là, grâce à Babelio et ses challenges, je peux sortir une des réponses les plus classes qu'il m'ait été donné de faire à ce genre de question: un des livres préférés de David Bowie.

Ce fut donc ma porte d'entrée vers ce livre magnifique et je dois donc remercier Gwen et Sab pour leur si utile challenge Multi-Défis qui m'a mené à cette lecture.

Un livre magnifique par son foisonnement, rempli de références aux jeux de rôles, au Seigneur des Anneaux, aux super-héros, à la culture geek en général. le fait que je connaisse ces références a forcément dû m'aider à apprécier... mais le livre est bien plus que ça évidemment.

Il est également une approche fantastique de la culture des émigrés dominicain aux États-Unis. On visite avec les personnages leur pays d'origine et son histoire, comme ces visites que je préfère des pays quand on est accompagné par un local qui peu vous faire rentrer au coeur des maisons, dans le quotidien des habitants. Pour moi la République Dominicaine a longtemps été pour moi la moitié dorée d'une île dont le côté obscur était occupé par Haïti, comme si le destin avait décidé de faire se côtoyer deux avenirs possibles pour un même territoire, l'un radieux et l'autre ténébreux. Cette image idyllique avait déjà été écornée après un voyage de mon cousin sur place qui m'avait décrit comment les visites organisées par les hôtels sur place faisaient tout pour faire ignorer aux touristes le versant pauvre de ce pays de carte postale. J'aurais dû me douter bien sûr que les retombées financières du tourisme ne ruisselaient pas sur tout le peuple. Cette lecture n'aura fait que me confirmer cette réalité, ajoutant en plus une bien meilleure connaissance de l'Histoire du pays, avec notamment la période de la dictature infâme de Trujill, décédé en 1961 mais dont le poids pèse encore sur la politique gangrénée du pays.

Au delà des références et du contexte, la construction du livre est également très originale et jouissive. Deux narrateurs-personnages (la soeur d'Oscar et un ami d'Oscar et de sa soeur) qui racontent à la fois la vie d'Oscar mais aussi la leur. Un narrateur-écrivain qui vient aussi régulièrement mettre son jeu et brouille les pistes. Des plongées dans l'histoire familiale en remontant à l'histoire maternelle puis grand-paternelle, pour mieux faire comprendre le poids des secrets, des malédiction et celui de l'Histoire tout court. Un titre qui, presque comme un mauvais quatrième de couverture, nous révèle un élément essentiel de l'histoire (si si, relisez-le bien ce titre étrange), information avec laquelle la narration ne cessera de jouer tout au long, nous faisant frémir face à l'inéluctable, observateur omniscient qui aimerait tant pouvoir ne pas savoir.

J'ai adoré que Junot Diaz joue avec moi, j'ai ressenti tout ce qu'il avait pu donner de lui-même dans cette histoire, comme Jeunet après Amélie Poulain qui dit qu'il avait mis toutes ses idées dans le film et qu'il se sentait incapable d'écrire une nouvelle histoire ensuite (raison pour laquelle je pense il a ensuite adapté un roman et aussi rejoint une saga de SF à l'univers déjà existant... mais je m'égare). L'auteur a depuis écrit des essais, des livres pour enfant, mais pas d'autres romans il me semble pour l'instant.

Alors pourquoi manque-t-il une demi-étoile me direz-vous ? Tout simplement la frustration de me dire que je n'ai pu pleinement saisir toute la richesse du récit parce que je ne suis pas Latino-Américain et que, même si la traduction d'un tel livre est une prouesse, il me manquera toujours toutes les subtilités de ce mélange anglais-espagnol utilisé par l'auteur (merci les traduction de WordReference qui m'ont malgré tout beaucoup aidé). Ce travail linguistique était indispensable et l'auteur n'a sans doute fait que parler comme il l'aurait fait lui-même au quotidien... mais la frustration ne peut qu'être présente en tant que lecteur français, avec mon espagnol si limité.

En tout cas, que vous aimiez ou pas David Bowie, courez-y, les goûts de l'artiste sont éclectiques mais riches, j'avais déjà beaucoup aimé d'autres livres de la liste et je pense que j'y puiserais d'autres idées à l'avenir.
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