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Critique de ElizaLectures


Le jeune Pip est élevé durement par sa soeur et s'apprête à suivre la voie de son beau-frère, Joe, forgeron. Une noble dame excentrique, Miss Havisham, décide cependant de le prendre sous son aile et le fait venir régulièrement à Satis House, où il rencontre sa fille adoptive, Estella. Mais au moment décisif où Pip s'attend à ce que Miss Havisham fasse son éducation, celle-ci décide seulement de payer son apprentissage de forgeron auprès de Joe. Des années plus tard, alors que Pip, resté à la forge, est devenu un jeune homme, il est contacté par M. Jaggers, avocat londonien, qui lui annonce qu'il a désormais “de grandes espérances” : un généreux bienfaiteur, qui veut rester anonyme, souhaite élever Pip au rang de gentleman afin de lui léguer sa fortune. Pip arrive donc à Londres bien décidé à réussir, persuadé que derrière cet anonymat se cache Miss Havisham, qui prépare ainsi son héritier pour le marier à Estella. Mais sur beaucoup de sujets, Pip découvrira petit à petit que la vérité est bien loin de ce qu'il avait imaginé.

Ce grand roman de Dickens est écrit à la première personne, du point de vue de Pip, et Dickens réussit bien à adapter son style d'écriture et ses cheminements de pensée à l'âge de son héros, bien que ce “je” m'ait un peu lassée à la longue. Toute la première partie se passe en effet lorsque Pip n'est encore qu'un enfant et nous voyons donc le monde par ses yeux. Par ce biais, Dickens fait de ce roman un réel roman d'apprentissage : en racontant son histoire, en nous livrant tous les ressorts de ses décisions, les mauvaises comme les bonnes, Pip se livre lui-même à une auto-critique en règle et tente de tirer les leçons de ses erreurs, en vain. Tout en introspection, le rythme du roman est assez lent, sauf dans la dernière partie où tous les morceaux du puzzle se rejoignent dans un grand souffle romanesque.

Ce ne sont donc pas tant les rebondissements qui font l'intérêt de ce roman que l'incroyable galerie de personnages que nous offre l'auteur : Joe, le forgeron, illettré au grand coeur qui sera pendant des années le seul véritable ami de Pip, jusqu'à ce que ce dernier lui tourne le dos à cause de ses allures campagnardes ; Mr. Pumblechook, grotesque bourgeois du village de Pip, dont toute l'existence repose sur une réécriture de l'histoire à son avantage ; Miss Havisham, aux allures d'éternelle fiancée fantomatique dans sa robe de dentelle déchirée, qui entretient au fond de son coeur une haine farouche envers les hommes ; Estella, sa protégée, élevée dans cette haine mortelle, insensible aux sentiments que lui porte Pip ; Jaggers, l'avocat implacable et froid, que toute canaille de Londres vient réclamer comme défenseur ; Wemmick, son assistant, tout aussi implacable que son maître, sauf dans son foyer, où il se révèle le plus agréable des amis ; Herbert, l'ami dévoué et fidèle de Pip ; Magwitch enfin, le forçat que Pip aida un jour à s'enfuir et qui réapparaîtra sur sa route pour changer à jamais son destin…

En dehors du piquant de Dickens pour le choix de ses personnages, j'ai été plutôt déçue du peu de choses qui se passent, notamment entre Pip et Estella, ou bien à propos de Miss Havisham. Je pense avoir eu, comme Pip, “de grandes espérances” qui ne se sont pas réalisées. Pip lui-même m'a semblé très désagréable et je n'ai pas réussi à éprouver de la compassion pour lui, ou même de l'intérêt. L'ensemble du roman m'a paru dominé par une tonalité assez triste et mélancolique dont je n'ai pu me défaire…
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