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Critique de JBLM


Alors je sais que je vais détonner avec l'enthousiasme apparent autour de ce livre, mais j'avoue ne pas avoir été plus emballé que cela, et ce en dépit du fait que Dickens traite une époque et des problématiques qui m'intéressent vivement.

A tout seigneur tout honneur, je vais donc en premier lieu dire un mot sur mon édition, puisque les éditions Tristram ont eu la gentillesse de m'offrir la nouvelle traduction de M. Jean-Jacques Greif qui paraît chez elles, à l'occasion de la dernière Masse critique. Cependant, je dois dire qu'en toute bonne foi, je ne saurais recommander cette traduction. Il y a beaucoup d'expressions qui sont clairement des traductions littérales de l'anglais, invraisemblables telles quelles en français, et je dois certainement à cette version de n'avoir sans doute pas apprécié l'oeuvre à sa juste valeur. J'en sors avec la conviction qu'il faudra que je la relise soit en anglais, soit dans une traduction qui fait plus consensus.

Sur l'histoire, pas mal de positif, quoique l'on finisse par se perdre dans une intrigue labyrinthique qui couvre plus de 10 ans. Les genres comiques et tragiques s'entremêlent et se supportent l'un l'autre, avec une démonstration très plaisante d'humour anglais qui trouve du comique dans les situations les plus terribles, entre ridicule et fausse naïveté. Les personnages sont extrêmement intéressants à observer sur le plan psychologique. On pense évidemment à l'entreprise mise en avant par les résumés du livre, celle de la manipulation mentale orchestrée par Miss Havisham qui lui échappe au bout d'un moment, alors que cet aspect du livre n'est pas plus dominant que les projets élaborés par Pip sur la prémonition puis au bénéfice de son mystérieux bienfaiteur. Mais je retiens surtout les chapitres où Pip rend visite au très schizophrène Wemmick dans son curieux Château, que j'ai trouvé juste excellents. Les gens dans le tram devaient se demander ce qui faisait aussi largement sourire d'attendrissement un lecteur d'habitude plutôt flegmatique (paraît-il). Que ce soit de l'antipathie pour la soeur de Pip ou de la confusion face à l'intimidant Mr Jaggers, on ne reste pas indifférent devant les personnages du livre, à l'exception notable du personnage principal, aspirant gentleman entretenu, vain et ingrat qui suscite assez peu d'empathie et auquel on ne réussit jamais vraiment à s'identifier.

En revanche, j'invite les lecteurs pressés à s'armer de patience car le rythme du livre est vraiment très lent. Il ne faut pas se laisser duper par le début qui part sur les chapeaux de roue : tout le ventre mou du livre se résume par "ma vie à Londres", où il ne se passe pour ainsi dire pas grand-chose, et où l'on découvre, sans alors mesurer leur importance, les quelques personnages apparemment insignifiants qui vont imprimer une légère accélération à l'intrigue dans le dernier tiers. Quelques rares scènes émouvantes et mouvementées, voire effrayantes, viennent bien pimenter cette fin, mais le livre est tellement épais qu'on a le temps d'amortir le choc d'une révélation le temps que la prochaine arrive.

Un ressenti assez mitigé, donc, car extrêmement partagé entre ce que j'ai adoré et ce qui m'a impatienté, mais une lecture au final pas du tout désagréable. Ne serait-ce qu'en tant que témoignage de l'Angleterre de l'époque, je continuerai à lire Dickens.
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