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Critique de belette2911


Le Mystère d'Edwin Drood (The Mystery of Edwin Drood) est le quinzième et dernier roman de Charles Dickens, mort subitement en juin 1870 avant qu'il puisse le terminer... ça, c'est vraiment con !

Surtout qu'il avait dans l'idée d'intriguer un million de lecteurs. Vu qu'il a bouffé son acte de naissance avant de le finir, c'est sûr qu'il les a intrigués, ses lecteurs.

Commence alors longue série d'investigations, d'hypothèses, de solutions et fins en tous genre; les spéculations, d'ailleurs, continuent d'alimenter la chronique des faits-divers de la littérature, le dernier avatar en étant l'adaptation télévisuelle du roman en deux parties, avec une suite annoncée comme « définitive », que BBC2 diffuse les 10 et 11 janvier 2012 (John Sutherland, The Mystery of Edwin Drood, Radio Times, 8 janvier 2012, p. 23).

De leur temps, Chesterton, Dorothy Sayers et Erle Stanley Gardner se sont eux aussi cassé les dents en essayant de résoudre le mystère, c'est vous dire que ce mystère non résolu a alimenter les fantasmes de tous.

Attention, ce roman dont je vous parle dans ma critique, publié chez Marabout Géant en 1956, c'est la traduction du «Mystère Edwin Drood» et... sa résolution ! Oui, ce n'est pas le roman à moitié écrit, mais celui qui fut achevé par un autre !!

Oui, un jeune romancier français, Paul Maury, dickensien passionné, croit avoir trouvé la solution sur laquelle les autres ont séchés. Et c'est le livre que j'ai dans les mains et dont je vous parle (zieutez la couv').

Tout d'abord, il faut savoir que le roman policier inachevé de Dickens(l'original, quoi !), il était vraiment inachevé! Il ne manquait pas juste la fin... mais carrément la moitié du roman (6 épisodes sur 12 avaient eu le temps de paraître !). Hé !

Donc, on peut saluer l'auteur Paul Maury qui a écrit plus de la moitié du roman.

Voilà pourquoi j'ai préféré acheter ce roman «résolu» par un autre auteur plutôt que de perdre mon temps avec l'original qui m'aurait plus que sur ma faim et dans d'horribles spéculations hasardeuses.

Mais de quoi il parlait, ce roman inachevé ??

Dans la vieille cité épiscopale de Cloisterham, Edwin Drood et Rosa Bud, deux jeunes gens orphelins, ont été fiancés par leurs parents, mais cet engagement forcé rend leurs rapports difficiles et ils ne parviennent pas à s'apprécier mutuellement : Rosa agit comme une petite fille capricieuse tandis qu'Edwin, très sûr de lui et de ses devoirs envers elle, traite en conquête celle qu'il n'a pas eu à conquérir.

L'oncle d'Edwin qui est aussi le maître de musique de Rosa, se nomme John Jasper et est âgé seulement de quelques années de plus. Il dévoilera progressivement une vie plus trouble, faite de rêves opiacés et de passion malsaine pour sa future nièce. Heu, oui, pas très net, le tonton qui est chantre à la Cathédrale...

Deux autres jeunes gens s'installent en ville : Neville et Helena Landless, eux aussi orphelins (décidément…). Ils viennent des Indes et se retrouvent aux bons soins du chanoine de la cathédrale, M. Crisparkle.

Neville, au caractère fougueux, ne tarde pas à se disputer violemment avec Edwin.

Aussi lorsque ce dernier disparaît et qu'on apprend que Neville est le dernier à l'avoir vu, tous les soupçons se portent sur lui. Jasper, effondré et furieux, est le premier à parler d'assassinat…

*** Alors cette critique, elle vient ? Oui, je n'ai pas l'intention de clamser avant de vous la livrer.

Tout d'abord, l'atmosphère : sombre à souhait, on se promène dans des demeures assez lugubres, un cimetière, une crypte, des maisons d'opium...

Tout pour nous mettre dans l'ambiance du roman policier.

Ensuite, les personnages : Dickens a créé dans ce roman (j'ai pas lu les autres) une extraordinaire galerie de personnages.

Ceux qui sont au centre de l'intrigue sont très vivants, très attachants, ou terrifiant pour le criminel supposé que dans l'édition originale on ne connaît pas.

Les nuances ne sont pas de mise dans la caractérisation des héros. Je sais que certains reprochent à Dickens ses personnages un peu unidimensionnels et caricaturaux, mais moi, j'ai aimé les personnages du livre.

Les personnages secondaires ne sont pas oubliés, sont très pittoresques et souvent victimes de la plume acide de Dickens.

J'ai failli mourir de rire avec Mr. Sepsea, très imbu de lui-même que c'est un âne à la stupidité suffisante, M. Durdles est un abruti et M. Honeythunder est semblable à une pustule sur le visage de la société.

Si les personnages sont déjantés, les situations ne sont guère mieux ! La scène avec les philanthropes Londoniens est vraiment drôle et ces derniers en prennent pour leur grade.

Dickens jongle avec les mots avec beaucoup de répartie et d'humour, les dialogues sont délicieux même si souvent on se rend bien compte que ce n'est que dans le but d'introduire des lignes et des lignes d'humour et de jeux de mots.

Il est tout bonnement impossible de s'ennuyer dans ce roman policier déjanté !

Sans oublier une certaine armoire remplie de confiseries et d'alcools qui vous donnera l'eau à la bouche pendant votre lecture !

Et l'épisode de Noël, super ! Quoi, je ne vous l'ai pas dit ? C'est la veille de Noël que disparaît Edwin Drood… Non, le Père Noël est innocent, il était ailleurs ce soir là.

Et la solution ?

Ben, je ne vais tout de même pas vous la donner, tout de même ! Je ne saurais vous dire ce que les autres en ont pensé, ni ce que Dickens voulait faire, mais pour moi, elle me semble la plus «logique».

L'auteur nous donne même les éléments de la solution dans un Postface où il nous explique ce qui l'a motivé.

Bon, on ne saura vraiment jamais ce que Dickens voulait écrire, mais au moins, cela m'a évité de me casser la tête en lisant un roman sans fin.

Moi, en tout ca, j'ai imaginé les lecteurs de l'époque, qui le lisaient en épisodes et qui n'ont jamais connu la solution... le choc que ça a dû être pour eux !

En définitive, «The Mystery of Edwin Drood» s'avère d'une suprême ironie : situé dans une ville épiscopale mais sans spiritualité, écrit par un romancier de la fête de Noël mais où un meurtre présumé est commis le 25 décembre ; une histoire de meurtre sans solution (dans la version originale de Dickens), un fragment de roman dans lequel quelqu'un disparaît, concernant des gens sans substance, et qui se termine par la fin de son auteur.

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