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Critique de MaiaAlonso


Un recueil de récits brefs et ardents, qui s'enfilent les uns derrière les autres, torrent rocailleux dévalant des cascades de brumes obscures. Une sorte de bréviaire écrit avec un scalpel et un microscope. Zoom sans complaisance sur l'univers terrien, incluant humains, lézards ou scarabées, pris à parti dans un vouvoiement qui le pointe du doigt. Des séquences grinçantes, grattées dans une langue riche, une écriture droite pour mieux épouser les courbes. Une intrusion brutale dans des vies pesantes, difficiles. La vieillesse. La maladie. La mort. Des petits rien de tous les jours qui sous la plume de l'écrivain toulousaine deviennent l'Evénement. Cru sous son regard. Ce même regard inquisiteur que l'on a le matin au réveil, en scrutant l'usure du temps sur notre visage dans le miroir. Maie Didier dit justement cela, l'usure des corps qui déchantent. Et puis, au bas du récit, avant le point final, comme un éblouissement. Une trêve. Une déchirure de lumière : ainsi le speculum qui, après maints efforts, révèle enfin le col d'une patiente trop grasse : « pareil à un bijou de nacre troué dans son milieu, bijou qui s'offre enfin à vous, scintillant, bombé et d'un rose si délicat. » Ou encore celle-ci : « le temps de croiser un regard et d'aimer un sourire. » Ou bien à propos de « l'éblouissement » que l'arbre « vient de vous offrir ». Et puis dans cet hôpital du nord (quel nord ?), une patiente opérée, bardée de tubes, souffrant et pourtant ce cri de vie à l'écoute de son souffle « qui à chaque seconde vous fait vivante » ce qui vous procure « la joie, imprévisible, improbable, inonde alors ce silence si long, sans qu'une lèvre ne tremble, sans qu'une main ne bouge, toute entrave défaite ». La 4e de couverture nous dit : « Dans l'apparence des choses, il ne semble exister aucun lien entre le scarabée renversé par la tige d'une campanule, la rondelle de latex découverte chez un amant sans désir, la douce pluie de juin sur le bois d'un cercueil ou le regard charbonneux d'étrangers en grève de la faim couchés sous une tente en plein vent… » Non rien, sinon, justement cette pirouette à peine décelable qui bafoue toutes les ombres de nos vies.
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