Belle surprise que cette découverte dans des écrits arabes du X et XIème siècle d'une centaine de
fragments attribués à Diogène de Sinope. Découverte on ne peut plus précieuse puisque ces fragment viennent élargir significativement le maigre corpus qu'il nous reste de ce philosophe (environ 600
fragments dans des textes grecs et latins).
Mais quels enseignements nous apportent ces nouveaux
fragments ? Si on retrouve avec plaisir le philosophe cynique et son sens de la répartie, son goût pour l'invective, son mépris des conventions, son éloge et sa pratique rigoureuse d'une existence indépendante ; ces nouvelles anecdotes, véritables paraboles philosophiques, ne présentent pas de traits proprement nouveaux du sage grec.
Seule exception notable : une dizaine de
fragments dont l'authenticité est plus que douteuse. On s'étonne ainsi d'entendre Diogène parler avec déférence de Dieu (au singulier) ou tenir des propos profondément misogynes. Ces
fragments contrefaits témoignent de la prédisposition de certains idéologues à déformer les textes anciens pour servir leur cause et invitent tous les lecteurs à la méfiance concernant les écrits de seconde main :
« Là encore souvenons-nous de cette leçon au moment de relire les
fragments sauvés de Diogène : ils n'ont probablement pas été préservés par d'amoureux altruistes de la culture hellène, mais par de redoutables propagandistes poursuivant leurs visées propres, qui restent d'ailleurs à approfondir. » nous prévient la traductrice.
Mais l'intérêt majeur de ce livre est peut-être d'ouvrir des perspectives inattendues pour la recherche. Combien de
fragments de ces philosophes grecs dont l'occident a préservé si peu d'écrits (
Héraclite, Empédocle, Démocrite, Aristippe, Épicure, etc.) sommeillent encore dans les bibliothèque arabes ?